D’Obama aux dirigeants japonais et chinois, les membres du G20 réunis à Los Cabos, au Mexique, pressent les gouvernements européens d’adopter enfin un plan cohérent. Car l’Union européenne est l’homme malade d’une économie-monde capitaliste, elle-même plutôt mal en point. La crise économique et financière a fait exploser les contradictions d’une construction européenne fondée sur la « concurrence libre et non faussée »… d’abord entre les États européens eux-mêmes. C’est ainsi que la crise de la dette a été sur le vieux continent portée à son paroxysme, jusqu’à provoquer une crise de la zone euro, laquelle se trouve désormais menacée d’éclatement.
Face aux injonctions de leurs partenaires, les dirigeants des États qui, ensemble, forment la première zone d’activité du capitalisme mondial, continuent cependant de s’affronter, chacun défendant les intérêts de ses propres classes dominantes.
Derrière le plaidoyer de Hollande pour « la croissance », il y a en fait l’invitation aux capitalistes allemands à mettre la main à la poche. Merkel lui répond qu’il n’en est pas question, que l’Allemagne ne paiera pas pour les autres et que si jamais elle fait un geste ce sera en échange de contreparties fortes, austérité budgétaire renforcée (là-dessus, Hollande est en gros d’accord) et abandons de souveraineté au profit des institutions néolibérales antidémocratiques de l’UE. Pendant ce temps, Cameron, le Premier ministre britannique, invite les entreprises françaises à échapper à la fiscalité hexagonale en domiciliant leurs sièges sociaux dans la City…Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, résume l’angoisse ambiante en déclarant : « La question n’est plus tellement de savoir quel modèle choisissent les Européens. Il faut simplement qu’ils en choisissent un. Et vite. » On n’en prend pas vraiment le chemin. Mais une chose est sûre : tous les « modèles », quels qu’ils soient, visent à faire payer la crise aux travailleurs et aux classes populaires. Pour lesquels l’urgence d’une riposte européenne grandit de jour en jour.
Jean-Philippe Divès