Publié le Jeudi 4 décembre 2025 à 09h00.

Le régime poutinien ne tient que par la guerre

 

Poutine et ses affidés, confortés par le soutien de Trump, répètent qu’ils n’ont aucune intention de reculer : leur objectif reste la capitulation totale de l’Ukraine. Pourtant, dans le débat politique, c’est encore trop souvent sur les UkrainienNEs et leurs alliés qu’on fait porter peser la responsabilité de l’expansionnisme militaire russe.

Quelques jours après l’annonce du Plan Trump-Poutine, le chef du Kremlin rappelait que la « Russie était prête à se battre jusqu’au dernier Ukrainien » et insistait sur la cession des territoires déclarés « annexés », alors même que Moscou n’en contrôle qu’une partie. Les discussions en coulisses entre émissaires de Trump et de Poutine portent précisément sur cette exigence. 

Céder les territoires ne mènerait pas à la paix

Concrètement, cela reviendrait à forcer les UkrainienNEs à abandonner des zones essentielles — près d’un quart des régions de Donetsk, Zaporijia et Kherson —où vivent encore entre 500 000 et un million de personnes, et qui comptent parmi les moteurs industriels et énergétiques du pays. Ce retrait effondrerait aussi la ligne de défense ukrainienne, ouvrant la voie à de nouvelles offensives russes. Penser que cela constitue les bases d’une paix réelle relève d’un aveuglement profond.

Les UkrainienNEs sont les premierEs à vouloir la paix, mais leur refus des propositions actuelles est fondé sur leur expérience du poutinisme : iels savent que le régime russe utilisera tous les leviers possibles pour renforcer le rapport de force et avancer vers la disparition d’une Ukraine libre et indépendante.

Toute l’économie russe est liée à la guerre

Tous les signaux internes en Russie vont dans le même sens. Le régime a restructuré toute l’économie autour de l’effort de guerre : en 2025, 43 % des dépenses publiques sont consacrées au militaire, au détriment des services sociaux. Le ­capital des oligarques se concentre désormais dans l’armement et l’extraction fossile, secteurs centraux de la croissance russe. Un virage brusque provoquerait une crise économique majeure, dont Poutine mesure très bien les risques politiques.

Il faudrait en outre réintégrer dans la vie civile des centaines de milliers de militaires traumatisés, qui perçoivent aujourd’hui des salaires en moyenne huit fois supérieurs au revenu national. Cet afflux d’argent a généré une vague de prêts immobiliers et une spéculation directement liée à la poursuite de la guerre, rendant tout arrêt brutal ­potentiellement déstabilisateur.

S’opposer à l’expansionnisme néofasciste russe

Dans les territoires occupés, la russification forcée nourrit aussi le militarisme du régime. Entre 50 000 et 100 000 hommes ukrainiens ont été envoyés de force au front ; ceux qui refusent sont soumis à une répression pouvant aller jusqu’à l’enlèvement ou l’assassinat. Les citoyenNEs sont forcéEs d’accepter la nationalité russe sous peine de perdre leurs droits et leurs logements. Et environ 1,6 million d’enfants sont soumis à un endoctrinement quotidien, à travers des programmes scolaires remodelés selon l’idéologie du Kremlin et des organisations de jeunesse militarisées, formant les futurs exécutants de l’expansionnisme néofasciste russe.

Construire une paix juste, durable et décoloniale, c’est s’opposer à la mécanique guerrière russe. Ce n’est en aucun cas se placer dans la roue de l’axe Trump-Poutine.

Groupe Solidarité Ukraine du NPA