Publié le Mercredi 8 juillet 2015 à 09h12.

Leur faillite

Lundi, au lendemain du Non massif des Grecs au nouveau diktat de la troïka, Hollande et Angela Merkel n’ont pas eu le moindre geste à l’égard des classes populaires grecques... si ce n’est d’afficher leur mépris.

« La porte est ouverte aux discussions avec la Grèce », dixit Hollande, mais c’est Tsipras qui doit faire des « propositions sérieuses ». « Il y a urgence pour la Grèce, urgence pour l’Europe. L’Europe n’est pas qu’une construction financière... » Et Merkel d’en rajouter : « Nous avons déjà fait preuve de beaucoup de solidarité. Il faut que chaque pays assume sa responsabilité et fasse preuve de solidarité. » Solidarité ? De quoi parlent-ils ?

Par leur agression, Hollande et Merkel cherchent à masquer leur propre faillite politique, celle de la classe capitaliste dont ils servent les intérêts, et celle de cette Europe qui pille les peuples pour que vivent les profits. Car, oui, leur Europe n’est bien qu’une construction financière, un accord entre brigands capitalistes, et leur solidarité, c’est celle des classes dominantes contre les travailleurs et les classes populaires.

Ils font la politique de leurs commanditaires, les grands financiers, sans oublier aussi la bourgeoisie grecque qui défendait le Oui. Cette dernière a bénéficié des largesses de cette Europe capitaliste depuis l’adhésion de la Grèce il y a 35 ans, et depuis qu’elle a rejoint la zone euro, truquant les comptes de l’État avec la complicité d’une des plus grandes banques mondiales, la Goldman Sachs. C’est aux financiers, à la bourgeoisie grecque, de payer la dette.

Aujourd’hui, il ne manque pas de mauvais conseillers comme le Front national pour inviter les Grecs à se replier sur leurs frontières, à retourner à leur ancienne monnaie, la drachme. Mais le repli national n’empêchera pas les usuriers de la Grèce d’exiger leurs intérêts, et l’État et la bourgeoisie grecs de faire payer les classes populaires.

À travers la crise grecque et celle de leur Europe de la libre concurrence, c’est une crise plus profonde qui se manifeste, celle de la domination de l’oligarchie financière, du capitalisme. La réponse est dans la solidarité par-delà les frontières : pour en finir avec la dette et la dictature des banques et des multinationales, construire une autre Europe, celle de la solidarité des travailleurs et des peuples.

Yvan Lemaitre