Si pendant 54 ans la dictature sanglante des Assad père et fils a pu écraser toutes les oppositions de la gauche politique et syndicale avant de massacrer un demi-million de personnes et déplacer la moitié de la population du pays, c’est bien sûr grâce au soutien actif d’autres dictatures (iranienne ou russe) et au soutien passif des puissances impérialistes qui l’ont considéré in fine comme un moindre mal.
Cela ne doit pas nous faire oublier l’appui indéfectible de l’extrême droite française, évidemment pas pour des raisons idéologiques de soutien au pan-arabisme du père, ni à l’inanité politique du fils ! Simplement par solidarité avec les pouvoirs autoritaires dès lors qu’il y a des intérêts communs. En l’occurrence, les obsessions racistes de l’extrême droite : d’abord l’antisémitisme de Le Pen père qui a vu dans le soutien à la Syrie un moyen de flatter son électorat. Puis au nom de la défense de la « laïcité » contre la montée de « l’islamisme », de la défense de la communauté chrétienne menacée par des « djihadistes »… Pour finir par la menace du déferlement d’une vague migratoire à la suite de la chute d’Assad agitée par Bardella.
Un soutien qui ne s’est pas contenté de déclarations glaçantes — dont il serait possible de faire un florilège pétrifiant — mais s’est manifesté par des démarches concrètes. En 2009, Frédéric Chatillon, grand ami de Marine Le Pen organisait officiellement des campagnes de communication pour vanter le régime syrien. Depuis 2011, de nombreux cadres et responsables du FN puis du RN se sont rendus en Syrie, patronnés par Thierry Mariani, ex-ministre de Sarkozy, ex-député UMP passé au RN, véritable tour opérateur français du régime d’Assad. Certes parmi d’autres éluEs françaisEs, que Mariani avait également entraînéEs, mais les représentants du FN ou RN se sont systématiquement montrés les plus fervents zélateurs du « boucher de Damas » dans les médias qui leur déroulent le tapis rouge et les cercles de pseudo-réflexion intellectuelle à travers lesquels ils jettent des filets pour conquérir une influence grandissante.
Ce soutien indéfectible de l’extrême droite aux dictateurs doit rappeler à celles et ceux qui banalisent la possible arrivée au pouvoir du RN que ce n’est pas une erreur mais un ADN politique qui faisait dire à Marine Le Pen à propos des bombardements par Assad de la population syrienne : « Bachar al-Assad a combattu le fondamentalisme islamiste avec les moyens qui étaient les siens ».