La France est en guerre : en Afghanistan, en Libye, mais aussi en Côte d’Ivoire et ailleurs… Il y aurait au total près de 10 000 soldats de l’armée française engagés dans onze « opérations extérieures » incluant le Tchad, le Kosovo, le Liban, la République centrafricaine, les régions du Sahel et les côtes somaliennes… Avec au final toujours aussi peu de réactions. Quand ce n’est pas un soutien franc et massif comme celui du PS, d’abord à propos de la Libye, par la voix de Jean-Marc Ayrault devant le Parlement le 22 mars : « Nous avons suffisamment dénoncé la perte de crédibilité de la France au démarrage des révolutions arabes pour ne pas saluer son engagement aux côtés du peuple libyen. Nous approuvons donc une opération que nous avons souhaitée, dans le cadre que nous voulions, celui des Nations unies, et nous nous félicitons des premiers résultats obtenus ». Le même s’est félicité cette semaine de « l’heureuse issue » de la crise ivoirienne. Ce sont pourtant toujours les mêmes ficelles, au nom du « droit d’ingérence humanitaire » et de l’ONU, ici pour mettre en place une zone d’exclusion aérienne comme en Libye et protéger les populations civiles, là pour les protéger cette fois des exactions de Gbagbo mais apparemment pas de celles de Ouattara ni de ses alliés... Avec la même propension à interpréter les dites résolutions pour passer à l’offensive… Pourtant, il n’est pas si sûr que l’influence de l’impérialisme français en sorte renforcée. Les opérations militaires ne cessent de s’enliser en Libye où l’Otan a pris dès les premiers jours la direction des opérations malgré les rodomontades de Sarkozy. En Côte d’Ivoire, Gbagbo est viré mais Ouattara aura bien du mal à s’imposer, après être arrivé dans les fourgons de l’ex-armée coloniale.L’impérialisme français, durement affaibli, multiplie les interventions pour continuer à exister. Mais pour s’émanciper, les peuples ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Les soutenir ici, c’est commencer par mettre fin à l’intervention de notre propre impérialisme.
Jean-François Cabral