Samedi dernier, le 20octobre, plus de 100 000personnes ont participé à la manifestation appelée par le TUC pour « un futur qui marche ». Le mouvement syndical anglais se mobilisait dans une de ses rares confrontations politiques avec le gouvernement.Il a réussi à rassembler des milliers de membres de branches syndicales, des groupes étudiants et des comités contre l'austérité.Cette manifestation était bien plus petite que la précédente, la « marche pour l'alternative » en mars 2011 bien que l’austérité se soit aggravée durant les 18derniers mois, la pauvreté aussi ainsi que la guerre de classe menée à nu par les conservateurs. À cette occasion, le TUC avait mobilisé prés de 500 000personnes. Dans son discours, Mark Serwotka, secrétaire général du PCS, disait : « nous sommes dans une situation pire qu'il y a dix huit-mois ». Il avait raison.Cependant, il y a un paradoxe. Lors du rassemblement de Hyde Park, les leaders de plusieurs syndicats importants ont fait référence explicitement à la perspective d'une grève coordonnant les différents secteurs. Parmi eux, Mark Serwoltka, Len McCluskey et Bob Crow de RMT. Rejoints par Christn Blower du NUT et, plus étonnant, par Dave Prentis d'Unison, le plus grand syndicat du secteur public. Toutes ces références à une action militante coordonnée ont été bien accueillies par le public dont une large fraction souhaitait faire quelque chose de plus pour défendre leur emploi, leur retraite, leur quartier que de marcher à travers le centre de Londres tous les 18mois.Le leader travailliste Ed Miliband prit aussi la parole. Il fut salué chaleureusement par une large partie de la foule mais il reçut un accueil agité quand il alla plus loin. Il reconnut tout à fait la nécessité des coupes budgétaires et ne promit rien de plus que de répartir le fardeau de quelques-unes de ces mesures sur les plus riches. Sur ce point, la réaction du public devint réellement hostile. Néanmoins, le fait le plus dur est que la grande majorité de ceux qui l'ont hué voteront travailliste aux prochaines élections dans l'espoir d'être débarrassés des conservateurs.Comparée à la mobilisation en Grèce, dans l’État espagnol, au Portugal et en Italie, la contestation en Angleterre est plus faible, plus résignée. Beaucoup de ceux qui étaient là sont venus parce qu'ils pensaient que c'était ce qu'il fallait faire. Ils ne pensent pas que la « direction » du TUC propose une voie pour aller de l’avant. Cependant le nombre de manifestants, bien que beaucoup plus faible que l'année dernière, indique qu'il existe une fraction du monde du travail, de militants, en colère, organisés, qui voudraient engager en réel combat contre l'offensive des conservateurs sur l'austérité. Le temps est venu de passer des discours sur la nécessaire action concertée dans l'industrie à une sérieuse discussion sur les moyens d'y parvenir.Liam MacQuade