Même si cette année les manifestations du 1er Mai ont vu défiler pas mal de monde, le cadre général reste le même, celui de la division. Il y a pourtant urgence à une mobilisation massive et unitaire contre le gouvernement.
À Athènes, trois rassemblements différents ont eu lieu : celui du KKE (PC grec) et de sa fraction syndicale PAME (quelques milliers, et le secrétaire du KKE rappelant que seul le KKE défend les travailleurEs), celui de GSEE-ADEDY (confédération unique du privé et Fédération nationale du public, avec peu de monde), et celui des syndicats de base et de la gauche anticapitaliste, (plusieurs milliers également, avec des slogans pour « la paix » et contre l’Otan)… Aucune perspective unitaire à l’ordre du jour malheureusement, alors que la colère populaire, perceptible même dans les sondages qui affolent la droite, gronde contre la politique de Mitsotakis et de ses ministres d’extrême droite, dont celui de la Santé (fils d’un idéologue nazi en Grèce) qui vient de présenter un plan de privatisation de l’hôpital, qui se traduirait bien sûr par la suppression des soins gratuits…
Ultra-libéralisme, entre Pinochet et Orban
La volonté de tout privatiser est désormais claire aux yeux d’une grande partie de la population, avec comme exemple le coût de l’électricité : prétextant les effets de la guerre en Ukraine, le gouvernement a laissé filer les coûts pour les usagerEs, avec des factures astronomiques, se traduisant par 5 000 coupures par semaine pour les familles. Or, c’est depuis la fin de l’été que sont dénoncées ces hausses importantes, et ce qui est en cause, c’est le sale jeu des cartels contrôlant le gaz naturel, ainsi que les rémunérations des dirigeants (360 000 euros annuels + actions pour le directeur de DEI, la principale société).
Après avoir dénoncé la gauche et face aux procès collectifs engagés, Mitsotakis a dû prendre en urgence des mesures (en plus de l’augmentation bien insuffisante du SMIC) pour tenter de calmer la colère, dont des remboursements très partiels depuis décembre… Autres aspects de la ligne économique ultralibérale : cadeaux aux sociétés privées pour installer des centaines de méga-éoliennes sur les îles malgré l’opposition de la population (et quelques victoires, comme à Andros), projet de privatiser la distribution de l’eau, sans oublier le népotisme de plus en plus visible (placements des enfants de la droite et des copains-coquins…). Et bien sûr, cette politique s’accompagne d’une répression incessante (mobilisations étudiantes à Salonique contre l’installation d’une police universitaire), pressions sur la justice (malgré les mobilisations massives pour un procès équitable, les policiers impliqués dans l’assassinat d’un militant LGBTI ont été relaxés). Et de manière générale, les attaques contre les droits sont de plus en plus fortes : attaques diverses contre les réfugiéEs, avec repoussement illégal de ceux-ci arrivant en Grèce, avec entre autres une situation terrible sur un ilot du fleuve Evros entre Grèce et Turquie, obstacles à la scolarisation… Ne voulant laisser s’exprimer que la presse paillasson soutenant ridiculement le pouvoir, Mitsotakis se déchaine contre la presse libre, à tel point que pour la liberté de la presse, la Grèce vient d’être classée dernière des pays de l’UE par Reporters sans frontières, en recul de 38 places…
Combativité et appel à l’unité
Un signe d’espoir pour des mobilisations unitaires a été émis le 1er Mai : lors d’une grande manifestation de soutien aux travailleurEs du port du Pirée contre leur employeur chinois Cosco, un ouvrier victime d’un des nombreux accidents du travail sur les quais a lancé un appel depuis sa chambre d’hôpital (« Camarades, soyons unis contre les accidents du travail ») et insisté : « Sans toi, la machine ne tourne pas », repris en slogan sur le port accompagné de « Ouvrier, tu n’as pas besoin de patron ! » Une combativité et un appel à l’unité qui ne demandent qu’à être développés… en passant par-dessus les bureaucraties diverses et les réflexes sectaires.