Publié le Mercredi 27 septembre 2017 à 17h19.

Macron l’Européen, le grand bluff

Macron avait choisi le grand amphithéâtre de la Sorbonne pour faire connaître, le 26 septembre dernier, son projet de « refondation d’une Europe souveraine, unie et démocratique »

Il a proposé quelques innovations telles que l’organisation en 2018, et pendant six mois, de débats nationaux et locaux, sur la base de questions communes, dans tous les pays de l’UE volontaires ; la création de listes transnationales pour les élections au Parlement européen dès 2019, en utilisant le quota des députés britanniques partants ; ou encore la multiplication des échanges pour les étudiantEs européens.

Mais l’essentiel de son discours a porté sur sa volonté de « relancer » l’Europe et d’aller vers des institutions européennes plus intégrées et fortes, avec la création en particulier d’un gouvernement économique de la zone euro. 

L’Europe du capital

Son initiative se plaçait juste après les élections allemandes, énième manifestation de la crise de l’Union européenne, puisque l’extrême droite, l’AfD, fait son entrée au Parlement avec 90 députés et que les libéraux avec lesquels Merkel va probablement être obligée de former une coalition sont hostiles à plus d’Europe. 

La chancelière allemande a tenu à appuyer publiquement Macron, histoire de démentir Wauquiez (LR) qui avait attribué de façon mensongère à Merkel la phrase « Mon jeune ami, avant de faire un discours, on commence par travailler » à l’adresse de Macron. Mais elle s’est bien gardée de prendre position sur le gouvernement économique de la zone euro, tout en disant son accord de principe sur la question militaire et celle des migrantEs.

En somme une Europe puissance qui voudrait augmenter ses capacités militaires en effectifs et en matériel, une Europe forteresse qui renforcerait encore davantage ses frontières pour refouler les femmes et les hommes qui y cherchent un refuge contre les famines et les guerres, une Europe du capital qui harmoniserait l’impôt sur les sociétés en le tirant partout vers le bas mais qui, surtout, aurait pour objectif de rentabiliser au maximum, au profit des grands groupes industriels et financiers, l’emploi des travailleurEs et l’utilisation de l’argent public.

Leur Europe et la nôtre

« L’enjeu qui est le nôtre au cœur de la zone euro c’est de savoir comment nous arrivons à faire de cette zone une puissance économique concurrente de la Chine et des États-Unis », a notamment déclaré Macron dans son discours en ajoutant juste après : « C’est pour cela qu’en France nous avons engagé des réformes inédites, je les avais annoncées, le gouvernement les met en œuvre. » Les ordonnances qui donnent toujours plus de libertés aux patrons, les réformes à venir contre l’assurance chômage, la Sécurité sociale et les retraites, voilà le véritable projet de Macron pour l’ensemble de l’Europe. Une Europe dont les travailleurEs seraient les fantassins pour mener la guerre économique contre ses puissances rivales. 

Oui, l’avenir c’est une Europe sans frontières, mais ce sera celle des travailleurEs et des peuples, pas celle du Capital. 

Galia Trépère