Cinq jours après son investiture officielle, Macron, pressé de revêtir ses habits neufs de chef des armées, est parti dans le nord du Mali où sont basés quelque 1 600 soldats français de l’opération Barkhane dans le Sahel...
Il a ainsi inauguré la semaine de son entrée sur le théâtre international. Les effets de mise en scène n’ont pas été ménagés, avec une complicité affichée des chefs d’État.
Le 25 mai à Bruxelles, à l’occasion d’une réunion de l’Otan, la presse s’est attardée sur une poignée de main entre Trump et Macron, « salut viril » ou « poignée de la mort », à travers laquelle Macron aurait, selon ses propres propos, affirmé sa capacité à gérer les rapports de forces ! Puis ce fut le déjeuner et le G7 à Taormine en Sicile avant de rencontrer, lundi, Poutine à Versailles. Cette propagande officielle, orchestrée à grand renfort médiatique, voudrait convaincre de l’extraordinaire changement que nous vivons, un spectacle qui nous convainc plutôt que ces réunions et rencontres « au sommet » ne sont là que pour subjuguer l’opinion en donnant en spectacle les grands de ce monde.
Avec Trump, le terrorisme d’État
« Nous avons besoin de poursuivre et d’accroître notre engagement », a annoncé Macron au Mali. En réalité, la présence militaire française n’a fait qu’accroître l’insécurité en particulier suite à son élargissement, depuis août 2014, à quatre autres pays : Burkina Faso, Mauritanie, Niger et Tchad. L’armée française protège la sécurité du régime corrompu d’Ibrahim Boubacar Keïta, le président du Mali qu’elle a mis en place. En Afrique comme au Moyen-Orient, la guerre n’a fait qu’accroître les souffrances des populations. Ce n’est pas le terrorisme qu’elle vise mais bien le maintien de la présence des grandes puissances. Macron et Trump se rejoignent totalement sur ce terrain, comme les autres puissances européennes. Tous se sont mis d’accord sur l’entrée de l’Otan dans la coalition contre Daech.
La politique des USA est d’associer l’Europe à leur stratégie et d’obtenir d’elle la plus forte participation financière possible. Non pas qu’ils veuillent diminuer leur propre budget militaire, bien au contraire, mais ils exercent leur pression dans un sens militariste pour obtenir de leurs alliés l’augmentation des budgets de défense qui devrait représenter 2 % de leur PIB respectif d’ici à 2024. La France étant à 1,8 % , Macron s’engage à atteindre les 2 %.
Dans la foulée, le G7 a réaffirmé la même politique militariste et a adopté une déclaration en ce sens.
Le La Fayette du libéralisme...
Tout occupé à peaufiner son image, Macron se rêve en médiateur entre l’Europe et les USA, celui qui saura faire plier la volonté de Trump de n’engager les USA dans aucun accord international dont ils n’auraient pas le total contrôle. C’est le cas en ce qui concerne l’accord de Paris sur la lutte contre le réchauffement climatique.
Macron ménage Trump : « Mon souhait, c’est qu’il n’y ait aucune décision précipitée de la part des États-Unis d’Amérique », dit-il. « Je considère qu’il y a eu un progrès et qu’il y a eu une vraie discussion et de vrais échanges. Et je pense que les arguments qui ont été mis en lumière par les six autres États membres ont été extrêmement complémentaires et, je crois, ont permis à M. Trump de prendre conscience de l’importance de cet enjeu et de sa nécessité, y compris pour sa propre économie », se complaît Macron qui se pose vis-à-vis de Trump comme le leader d’une Union européenne... refondée par lui-même !
Aussi ami de Poutine !
La mise en scène de Macron s’est poursuivie dans les fastes de Versailles, tout ce qu’il fallait pour flatter le tsar Poutine, le soutien de Marine Le Pen, et donner de la grandeur et du crédit au rôle auquel il se destine, le médiateur, l’intermédiaire entre les grandes puissances... sans taire, bien sûr, les désaccords ! Mais, au final, sur l’essentiel, tout le monde se retrouve. « La lutte contre le terrorisme » est la « priorité absolue », dixit à nouveau Macron prêt à « discuter avec l’ensemble des parties » sur la guerre en Syrie, « y compris les représentants de Bachar al-Assad »...
L’essentiel est aussi pour Macron de fabriquer l’image du nouveau monarque républicain sous l’égide Louis XV, de Pierre le Grand et de l’église orthodoxe afin de subjuguer le bon peuple.
Mais le passé nous apprend que ce sont bien les peuples et les révolutions qui font l’histoire...
Yvan Lemaitre