Publié le Jeudi 26 mars 2009 à 13h54.

Madagascar : coup d'état et corruption

La lutte pour le pouvoir de deux milliardaires s’est soldée par la victoire d’Andry Raoelina. Le mouvement populaire doit faire entendre sa voix.

La crise, qui a duré deux mois, vient de connaître son dénouement. Marc Ravalomanana, président depuis 2002, a transféré le pouvoir à un directoire militaire qui lui était acquis. Celui-ci a été contraint, sous la menace des armes, de transférer tous ses pouvoirs à Andry Raoelina, le maire destitué de ses fonctions de la capitale Antananarivo.

Cet imbroglio ne doit pas cacher la réalité. Raoelina a pris le pouvoir par un coup d’Etat. La France voit ce coup d’Etat d’un bon oeil. Au plus fort de la crise, elle a hébergé Raoelina à son ambassade. Même si la France proclame son impartialité, cela n’empêche pas son ambassadeur, nouvellement nommé, de faire «une visite de courtoisie» à Raoelina avant sa cérémonie d’installation au pouvoir en lui assurant que la coopération économique serait maintenue. Soutien de taille quand on sait que la France est le premier bailleur du pays. Cela tranche avec les condamnations unanimes du coup d’Etat de l’Union africaine, de la SADC groupement des pays d’Afrique australe, de l’Union européenne.

Les Etats-Unis et la Norvège ont suspendu leur aide économique. Du coup, Sarkozy a dû assouplir sa position et parler de coup d’Etat sans pour autant remettre en cause l’aide économique.

La grande force de Raoelina, c’est d’avoir catalysé toutes les oppositions au pouvoir en place. L’incapacité de Ravalomanana à améliorer les conditions de vie des populations, sa corruption, ses dérives autoritaires et sa politique ultralibérale étaient devenues insupportables.

Les premières décisions de Raoelina sont inquiétantes, puisqu’il vient de suspendre l’Assemblée nationale et le Sénat, d’instaurer un gouvernement de transition pour deux ans et parle d’aller vers une quatrième République. Il est vraisemblable qu’il procédera à une modification de la Constitution qui actuellement fixe à 40 ans l’âge minimum pour être président de la République, lui-même n’en ayant que 34.

Les organisations des travailleurs et des paysans, qui ont parachevé un processus d’unité de leur mouvement, doivent faire irruption sur la scène politique et mettre en avant les principales revendications, notamment contre la spéculation financière sur les produits de première nécessité, et les expropriations des terres au profit des grands trusts.

Le foisonnement d’organisations dans les quartiers et les villages est un point d’appui pour mener cette lutte. Notre vigilance est de mise pour engager les mouvements de solidarité avec les luttes futures de la population malgache.

Dès à présent, une pétition circule contre la répression qu’a subie la communauté paysanne du hameau d’Ankorondrano dont plusieurs membres sont condamnés à mort et d’autres à des peines de travaux forcés pour avoir résisté à l’expropriation de leur terre.