Affirmer la présence française dans l’océan Indien, tel était le but du périple d’Emmanuel Macron qui l’a conduit à Madagascar les 23 et 24 avril derniers.
La Grande Île a une particularité, celle d’être un des pays les plus pauvres et d’être gouverné par des milliardaires n’hésitant pas à provoquer de graves crises pour conquérir le pouvoir. Le président français a été reçu par Rajoelina un ancien disc-jockey qui a fait carrière dans l’évènementiel.
La vérité sur les massacres de 1947
Ce voyage a été marqué par la signature d’un accord financier pour la construction du barrage hydroélectrique de Volobe. EDF entrera dans le consortium avec un apport autour de 200 millions d’euros.
Autre annonce, celle de la mise en place d’une commission mixte d’historienNEs malgaches et français pour faire la lumière sur les massacres coloniaux, perpétrés par les autorités françaises en 1947 pour écraser l’insurrection des populations. Elle est considérée comme le signe précurseur de la lutte contre le colonialisme en Afrique. Les chiffres varient entre 40 000 et 100 000 morts. Cette histoire est largement occultée en France. Les historienNEs soulignent que l’on ne sait toujours pas où se trouvent les archives de la Sûreté nationale, nom à l’époque des services de répression coloniale. En revanche, cette histoire reste toujours présente dans la mémoire des peuples malgaches. Macron a évoqué « des pages éminemment douloureuses » et considère que la commission des historienNEs devrait permettre de créer les conditions du pardon.
Mais quelle est la crédibilité de ses déclarations alors que sa politique actuelle perpétue le colonialisme ?
La restitution des îles Éparses
En effet, Macron refuse la restitution des îles Éparses qui géographiquement et historiquement font partie de Madagascar. Quelques semaines avant son indépendance en 1960, De Gaulle avait rattaché cet archipel au ministère des Outre-mer français afin de le garder dans le giron de l’hexagone.
Depuis, les populations malgaches ne cessent d’exiger la restitution de ce qui est considéré, à juste titre, comme partie intégrante du territoire national. Les autorités françaises louvoient parlant de cogestion. La dernière proposition est de revitaliser une commission créée en 2019 qui ne s’est réunie qu’une seule fois.
Lors de son séjour Macron avait balayé cette demande considérant que ces « débats sont picrocholins ». Mais la réalité est tout autre car la possession par la France des îles Éparses lui assure près de 640 000 km² de zone économique exclusive, soit près de 6 % de son territoire maritime dans un espace particulièrement riche en ressources halieutiques mais aussi en minerais, gaz et pétrole. De plus cela lui permet aussi d’être présente sur le canal du Mozambique qui demeure une voie navigable stratégique où transite 30 % du pétrole.
C’est donc grâce à ces miettes de l’ex-empire colonial que la France continue d’être le second pays au monde ayant le plus grand domaine maritime. On est bien loin de « débats picrocholins » !
Paul Martial