Publié le Jeudi 13 avril 2023 à 17h00.

Magasin Delhaize (Belgique) : un huissier se prend le piquet !

uL’annonce du passage sous franchise des 128 magasins Delhaize a entraîné un mouvement de grève des salariÉs : 280 emplois sont appelés à disparaître. Nous publions l’extrait d’un article paru sur le site de la Gauche anticapitaliste.

Barouf annoncé samedi 8 avril au matin devant le Delhaize de Hornu (Hainaut). Comme pour d’autres magasins en grève, la direction a tenté le forcing pour ouvrir coûte que coûte, dans la perspective d’un samedi exceptionnellement rentable en ce week-end pascal !

Plus d’un mois de grève

L’enjeu était symbolique après déjà un mois de grève, et les travailleurEs de ce magasin « intégré » (et promis à la désintégration s’il passe au statut franchisé imposé par le groupe) en étaient bien conscientEs. Voilà pourquoi sur les réseaux militants et syndicaux on faisait appel vendredi soir à venir soutenir et renforcer les piquets. Nous étions au rendez-vous !

Pour pouvoir ouvrir l’implantation de Hornu, la direction avait en urgence procédé depuis la veille à l’engagement de quelques étudiantEs afin d’obtenir pour le samedi un équilibre « étudiantEs-travailleurEs réguliers » légal. La veille déjà, le ton était monté d’un cran, cette entourloupe venant s’ajouter à la guéguerre des humiliations de ces derniers jours […].

Droit de grève

Samedi matin, dès 8 heures, ambiance des grands jours donc avec présence policière et arrivée d’un huissier venu constater… quoi d’ailleurs ? Que les travailleurEs exercent leur droit de grève et distribuent dans l’espace public et devant leur entreprise un tract mais sans empêcher physiquement les clients (zéro client à cette heure !) d’y entrer ? Eh bien, non ! Figurez-vous que cet huissier admoneste les militantEs présentEs en leur expliquant que la simple adresse verbale constitue déjà en soi, sinon une violence, une pression inacceptable ! Incrédulité, hilarité… […] L’huissier fut vite remis à sa place par un camarade qui n’avait pas sa langue dans sa poche. […]

Un peu décontenancé, il se retourna vers les policiers manifestement peu enclins à appuyer son excès de zèle. Ensuite il s’engouffrait dans un magasin vide de clientEs et aux rayons entièrement dégarnis de produits frais grâce aux blocages de camions des derniers jours pour s’entretenir longuement avec le patron excédé qui, nous dit-on, commence à perdre les nerfs… Un quart d’heure plus tard, l’huissier sort visiblement satisfait du « service minimum » accompli, disparaît du parking comme un pet sur une toile cirée, rapidement suivi par la brochette de pandores restée prudemment bien à l’écart du piquet […].

Nous sommes restéEs le reste de la matinée à échanger avec les déléguéEs et travailleurEs du site, permanentEs, militantEs syndicaux/ales d’autres entreprises du secteur (Cora, Boucheries Renmans qui nous disent être bien conscientEs que si ça passe chez Delhaize, leur tour viendra très vite…) et militantEs politiques. […] Vers 13 h, nous apprenons que le directeur « met les pouces », il vient d’annuler le service des étudiantEs prévus pour l’après-midi, le magasin ferme ses portes ! Suite au prochain épisode…

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