Le décès d’un nouveau soldat français au Mali, survenu la semaine dernière, met en exergue l’insécurité qui règne dans le nord du pays.
Le 6 avril à 16 h 30 heure locale, au sud de Hombori à 250 km de Gao, un véhicule blindé de l’opération Barkhane est touché par un explosif. S’ensuit une fusillade entre djihadistes et forces françaises pendant laquelle sera mortellement blessé le caporal-chef du 6e régiment du génie d’Angers. Depuis janvier 2013, date de l’opération Serval transformée en opération Barkhane en août 2014, 17 soldats ont trouvé la mort sur le terrain des opérations. Ce que l’on nous présente habituellement comme le (seul) succès de Hollande reste tragiquement démenti par la situation sécuritaire de cette région.
Groupes armés à la manœuvre
Les accords d’Alger entre le gouvernement malien et les groupes armés n’ont pas permis de ramener la paix. La mise en place des autorités intérimaires qui doivent gérer les cinq régions du nord du pays, a été la source de conflits armés, et à cette occasion, de nouveaux groupes armés sont apparus, comme le Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA). L’enjeu pour ces différentes milices reste le contrôle du territoire et des routes par lesquelles transitent les différents trafics plus ou moins légaux.
Cette dégradation de l’environnement sécuritaire s’accompagne d’une fragmentation des groupes armés qui favorise les conflits violents entre les communautés.
Parallèlement, les groupes djihadistes se réorganisent et profitent de la faiblesse et du discrédit de l’État. Les trois principales mouvances djihadistes du Mali ont fusionné pour donner une nouvelle organisation, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans – GSIM (Nosrat Al-Islam Wal Mouslimine), sous la direction de Iyad Ag-Ghali qui revient dans le giron d’Al-Qaïda. L’attentat sanglant dans un centre d’entraînement militaire à Gao qui a coûté la vie à 77 personnes témoigne des capacités opérationnelles des djihadistes.
Dans le même temps, un nouveau foyer de violence se développe dans le centre du pays. Les islamistes mettent à profit les divisions violentes et pérennes entre les communautés pour tenter avec succès de s’implanter.
L’impossible réconciliation
Du côté politique, la Conférence d’entente nationale prévue par les accords d’Alger a été plutôt décevante. En effet, boycottée au début par les groupes armés, décriée par l’opposition politique, si elle a réussi à se tenir, en revanche, elle a été incapable de produire une charte de réconciliation.
Le principal facteur de division a été évidement la question de l’Azawad. Le rapport final fait état de l’Azawad comme une entité historique et culturelle, qui ne peut être en aucun cas un objet de revendication politique.
Un autre point important parmi les recommandations est l’instauration d’un dialogue avec tous les groupes, y compris les djihadistes. Une demande qui n’a pas été écartée par le gouvernement malien.
L’islam politique progresse, non par l’action des différents djihadistes qui sévissent dans le nord et le centre du pays, mais par la montée en puissance du Haut Conseil islamique malien qui profite de la déception largement partagée d’un gouvernement discrédité par les scandales à répétition de corruption et son incapacité à répondre aux aspirations sociales des populations.
Paul Martial