La junte malienne accompagne la fuite en avant de sa politique sécuritaire avec la volonté de museler l’opposition. Dernière mesure en date, la tentative d’interdire SADI, une organisation de la gauche radicale.
Le 28 décembre, le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) a reçu une assignation de justice des autorités maliennes portant sur sa dissolution. Une manière de faire taire les voix dissonantes alors que le bilan de la junte est pour le moins décevant.
Mesures liberticides
En effet, les groupes djihadistes gagnent régulièrement du terrain et sont désormais capables de mener des blocus de villes. C’est le cas pour Tombouctou qui depuis plusieurs mois est privé de tout ravitaillement. En réponse, les forces armées maliennes mènent des opérations occasionnant plus de pertes de civilEs que de combattants islamistes.
Cette politique du tout militaire s’accompagne d’une recrudescence de la répression. Il y a six mois le Parti social-démocrate africain a été dissous au motif que son président avait durement critiqué la primature. Pour avoir contesté le taux de participation au référendum organisé par la junte, l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance a été lui aussi interdit. Ainsi bâillonnée, cette structure regroupant une trentaine d’organisations de la société civile ne pourra plus exiger la tenue des élections présidentielles sans cesse reportées par la junte.
Décennies de luttes
C’est donc au tour du parti SADI de subir les foudres des putschistes. Déjà son dirigeant Omar Mariko a dû s’exiler au vu des menaces pesant sur son intégrité physique. La dissolution est motivée par ses critiques des récentes opérations militaires contre les rebelles autonomistes à Kidal. La junte y voit une victoire dans la reconquête de la souveraineté nationale. Omar Mariko souligne les conséquences néfastes accentuant les divisions entre communautés qui ne font qu’éloigner les perspectives de paix dans la région.
Omar Mariko et ses camarades ont été les principaux animateurs de la lutte victorieuse contre la dictature de Moussa Traoré en 1991, ouvrant la voie vers la démocratie au Mali. SADI allie combat pour l’indépendance nationale et luttes sociales. Cela s’est concrétisé dans la condamnation de Barkhane et la solidarité avec les sans-papiers maliens. L’organisation a exigé des autorités qu’elles refusent l’accord de réadmission exigé par la France pour les expulséEs.
Si Goïta, le chef des putschistes, peut faire illusion avec ses discours nationalistes bien qu’il n’ait fait que remplacer une puissance occupante par une autre, en l’occurrence les Russes. Comble d’ironie, la junte se contente de suivre la stratégie du tout-militaire de l’armée française en dépit de la volonté des populations d’entamer des pourparlers de paix avec les différentes factions combattantes.
C’est donc naturellement que le NPA est résolument aux côtés des militantEs de SADI qui font face à une répression qui révèle la vraie nature de cette junte, celle d’une dictature.