Avec des centaines de milliers de personnes dans la rue, la manifestation nationaliste catalane du 11 septembre a été peut être l’une des plus massives de l’histoire contemporaine de la Catalogne.Sur fond de coupes budgétairesCette journée a montré la montée spectaculaire de l’indépendantisme dans l’opinion publique depuis la mutilation par la majorité du Parlement de Madrid (avec une majorité PSOE à l’époque) du projet de réforme du statut politique de la Catalogne déclenché en 2006 par un gouvernement de « gauche plurielle » (PS, eurocommunistes verdisés d’ICV et nationalistes de gauche d’ERC).Le retour de la droite nationaliste au gouvernement en Catalogne s’est accompagné de coupes budgétaires et d’une grosse campagne politique et médiatique pour arriver à un pacte fiscal avec l’État afin d’en finir avec le prétendu « déficit fiscal ». La Catalogne subit un énorme décalage entre les impôts payés et les ressources publiques qu’elle reçoit de la part de l’État. Bien évidemment, les nationalistes de droite du CiU ont fait croire à l’opinion publique que les coupes budgétaires sont de la faute du pouvoir central de Madrid et non l’application sans complexes de leur propre modèle de société…Entre le populisme et la déstabilisation… un contexte contradictoireMalheureusement la montée d’un indépendantisme interclassiste a éclipsé symboliquement la lutte contre les coupes budgétaires et a divisé et paralysé le mouvement ouvrier, à priori hostile a un nationalisme débridé sans aucun contenu social. Le coté populiste du mouvement est évident, mais ce qui est aussi certain, c’est que les objectifs fixés par le gouvernement de la « Generalitat » ont été débordés, lui qui souhaitait simplement une grosse mobilisation pour faire pression sur le premier ministre Rajoy afin de négocier le pacte fiscal. Le mot d’ordre de la manifestation était carrément autour de l’idée d’« independència » et on a vu aussi de vraies manifestations du refus de l’« establishment » politique dans son ensemble. Même des leaders du CiU, la droite nationaliste catalane, ont été harcelés au point de devoir quitter la manifestation. La situation qui s’ouvre est porteuse d’une possible déstabilisation : d’un côté la critique de l’État espagnol, et de l’autre le débordement de la droite nationaliste catalane. La droite doit maintenant surfer sur une situation où la haute bourgoisie pousse pour ne pas déborder les consensus constitutionnels déjà construits, mais où la petite bourgoisie et de larges couches populaires ont déclenché un mouvement de rupture avec l’État, mouvement que le gouvernement catalan ne contrôle déjà plus.
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