Publié le Vendredi 1 juillet 2016 à 09h30.

Mexique : Huit morts dans une manifestation réprimée

Dimanche 19 juin, dans le sud du pays, le pouvoir a tiré sur la foule rassemblée contre une réforme éducative. Les morts sont des manifestants rassemblés en soutien à la CNTE, le syndicat des professeurs des cycles primaire et secondaire, mobilisé contre la réforme éducative du gouvernement qui impose des contrôles injustes aux enseignants. Une tentative de dissolution du syndicat... et de privatisation de l’éducation.

La version officielle, plusieurs fois remaniée par le gouvernement, décrit l’agression par des groupes radicaux infiltrés au sein de la manifestation contre les forces de l’ordre, alors que celles-ci venaient de lever le blocage maintenu depuis une semaine à Nochixtlán par des enseignants, des étudiants et des parents d’élèves en lutte. Mais les explications changeantes des autorités sur le drame de Nochixtlán ont suscité bien des doutes dans tout le pays. Elles affirmèrent d’abord que tous les agents étaient désarmés et que des tireurs « extérieurs » visaient aussi bien la police que la population. Mais plusieurs agences de presse ont publié des clichés montrant des policiers visant la foule à l’aide de fusils automatiques et d’armes de poing... Le gouvernement a alors tenté de contester l’authenticité de ces images, avant d’argumenter que ces agents armés étaient intervenus après l’agression afin de protéger leurs collègues des mystérieux assaillants... Les journalistes présents sur les lieux n’ont eux vu aucun tireur... en dehors des rangs de la police !

Sous la pression, le gouvernement s’est engagé à ouvrir une enquête sur l’éventuelle responsabilité de policiers armés. La veille de cette manifestation sauvagement réprimée, une centaine d’intellectuels, de personnalités du monde politique et religieux et de défenseurs des droits humains rendaient publique une lettre ouverte dénonçant déjà « la brutale répression du gouvernement fédéral à l’encontre des professeurs ». Ils appelaient les autorités à « miser sur le dialogue et non sur l’usage de la force pour résoudre ce conflit ». Réponse leur a été donnée le lendemain...