Publié le Samedi 16 mai 2015 à 11h55.

Mexique : l’« Eurocaravana 43 » d’Ayotzinapa à Paris

« La lutte contre la violence d’État n’a pas de frontières »... C’est le message d’appel à la solidarité internationale que la délégation des proches des 43 étudiants mexicains disparus en septembre dernier, en tournée européenne d’un mois, a lancé lors de son passage à Paris début mai. Ici, ces mots prennent une résonance particulière alors que la répression connaît une montée en puissance inquiétante et qu’Hollande a lancé une invitation au président mexicain Peña Nieto pour le 14 juillet prochain.

Eleucadio Ortega, père de l’un des disparus, Romàn Hernandez, militant des droits de l’homme, et Omar Garcia, l’un des rares rescapés du 26 septembre, ont rappelé les violences dont ont été victimes les 43 étudiants de l’école normale rurale Isidro Burgos. Ils ont dénoncé les manœuvres de l’État mexicain pour dégager sa responsabilité et museler la colère populaire : « La justice mexicaine a bien tenté de faire taire le mouvement en faisant croire que les 43 étudiants avaient été retrouvés brûlés dans une déchetterie, mais une équipe de médecins argentins a confirmé que les ADN ne correspondaient pas aux ADN des familles ».

Ils ont rappelé leurs revendications. Le père de Mauricio Ortega, qui passe désormais sa vie à rechercher son fils, a déclaré : « Nous n’acceptons pas de l’argent... Nous exigeons du gouvernement qu’il nous rende nos enfants en vie ». Ils se battent pour que cessent ces disparitions et plus largement pour le respect des droits de l’homme.

Au-delà des frontières du Mexique, les militants de l’Eurocaravana 43 appellent à une solidarité internationale. À Paris, ils ont aussi scandé les noms de Rémi Fraisse, Wissam El Yamni et d’autres victimes des violences d’État, et se sont solidarisés avec Gaëtan et des manifestants condamnés pour avoir dénoncé les violences policières. « La brutalité policière arrive aussi en France », a déclaré Romàn Hernandez, « nous parlons des mêmes luttes ». Ils lancent un appel à « s’organiser pour mettre en place un grand réseau international de solidarité face aux violences d’État ». Une solidarité qui commence dès aujourd’hui en signant la pétition contre l’invitation par Hollande de Peña Nieto à Paris pour le 14 juillet.

Alexandra Dupont