Publié le Samedi 9 janvier 2010 à 10h34.

Mobilisation internationale pour Gaza

Un an après le massacre perpétré a Gaza par Israël, au cours duquel 1 400 Gazaouis périrent, 1 400 internationaux se sont retrouvés au Caire, en Égypte, pour se rendre dans la bande de Gaza afin de défiler le 31 décembre au côté des Palestiniens. Cette marche permettant de rompre l’isolement dont souffre la population de Gaza, soumise à un blocus depuis 2007 suite à l’élection du Hamas, revendiquait la fin de cet enfermement et exigeait que cesse l’hypocrisie de la communauté internationale qui se refuse encore à sanctionner Israël. Les autorités égyptiennes ont décidé autrement du déroulé de cette mobilisation en déclarant que, pour des raisons de « sécurité », ils n’autoriseraient pas le passage des délégations internationales. Le contexte régional étant la raison réelle de ce blocage. En effet, le gouvernement de Moubarak, entretenant des relations conflictuelles ces dernières semaines avec le Hamas, ne pouvait admettre une initiative qui, à ses yeux, aurait renforcé l’autorité de Gaza.

De plus, l’Égypte se retrouve être aujourd’hui le zélé maître d’ouvrage des États-Unis et d’Israël en construisant un mur de 30 mètres sous terre le long de la frontière séparant Gaza de l’Égypte. La présence de centaines d’internationaux et des médias couvrant cette mobilisation dans la région de construction de ce nouveau mur de la honte ne pouvait être au goût du régime. Malgré ces déclarations, des centaines de marcheurs ont afflué au Caire, dans l’espoir d’un changement d’attitude du gouvernement égyptien. Les 300 militants de la délégation d’Europalestine furent les premiers a se retrouver sans bus le 27 décembre au soir, ceux-ci étant bloqués par la police égyptienne. Ils décidèrent alors de camper devant l’ambassade de France au Caire et de faire pression sur la France pour qu’elle obtienne les bus. D’autres délégations se retrouvèrent dans la même situation. Une délégation internationale composée de 250 militants grecs, indiens, américains, belges et français a pu quant à elle partir du Caire en direction de Rafah pour se faire bloquer une heure plus tard et escorter en sens inverse. Les jours suivants ont permis aux différentes délégations de faire entendre leur voix et de mettre Gaza au cœur de l’actualité grâce à différentes initiatives : manifestation aux côtés du syndicat des journalistes égyptiens, drapeau palestinien arboré en haut d’une pyramide, une manifestation devant l’ambassade d’Israël, ou encore une veillée aux chandelles (organisée par l’AFPS) devant la mosquée Al-Azhar.

Le 31 décembre, jour prévu pour la marche dans Gaza, un rassemblement au centre du Caire a eu lieu, tandis que plus de 50 000 Palestiniens défilaient à Gaza, et que 1 000 anticolonialistes et internationaux défilaient en Israël en direction de la bande de Gaza pour dénoncer eux aussi le blocus. Le bilan est certes contrasté du fait de l’impossibilité de manifester le 31 décembre avec les Palestiniens de Gaza. Il est pour autant positif à bien des égards. Ce rendez-vous international a tout d’abord permis de manifester une solidarité nécessaire aux gazaouis, nombreux à suivre ce qui se passait de l’autre côté de la frontière. Il a également eu un impact positif dans la population égyptienne, et auprès des mouvements progressistes égyptiens. Enfin, ce rassemblement de 1 400 internationaux a rendu visible le potentiel de mobilisation des mouvements de solidarité avec la lutte du peuple palestinien à travers le monde.

Il s’agit maintenant pour nous de construire ce mouvement à l’échelle internationale, sur des bases politiques solides, et en premier lieu de soutenir les revendications des palestiniens eux-mêmes et le travail avec les mouvements de solidarité des pays arabes. Cette semaine au Caire a permis de renforcer la volonté de milliers de militants internationalistes dans leur volonté de construire une campagne de solidarité avec Gaza, articulée à la dynamique de la campagne BDS, pour dénoncer le blocus et l’absence de sanctions après les crimes de guerre commis l’an dernier par l’armée israélienne. De Paris à Gaza : Résistance !Rassemblant des militants du monde entier au Caire, la Gaza Freedom March a incarné tant la vitalité que la dimension internationale du mouvement de résistance et de solidarité avec le peuple palestinien. Des manifestations, rassemblements, veillées, meetings ou projections-débats ont eu lieu partout dans le monde pour marquer ce premier anniversaire des massacres israéliens sur Gaza et exiger la levée du blocus. Créant un pont politique entre Sydney, Paris et Gaza, cette « Marche pour la liberté de Gaza » a été plus qu’un rendez-vous international au Caire : ce fut une mobilisation mondiale. De New York à Sydney, en passant par JénineDes États-Unis à l’Australie, les manifestants de l’an passé ont démontré leur détermination dans le bras de fer politique engagé avec l’État d’Israël en prenant l’initiative de se mobiliser en soutien à la « Marche » et contre le blocus de Gaza, dans de nombreuses villes (Sydney, Vancouver, Los Angeles, Chicago, New York, Londres, Hambourg, Dublin, Rome, Bruxelles, Paris, Barcelone, Bâle, Edimbourg et Paris sont les plus marquantes).

Ces manifestations ont fait écho à celles qui ont eu lieu dans toute la Palestine : de Rafah à Jénine, en passant par Tel Aviv, Jérusalem et Beit Hanoun (ville-frontière au nord de la bande de Gaza, côté israélien), au Caire, et dans bien d’autres villes dans le monde. De Lille à Marseille, en passant par CergyEn France, cette dynamique a permis d’organiser des initiatives de rue en solidarité avec les Marcheurs de Gaza exigeant la levée du blocus. Le 27 décembre, près de 1 000 personnes ont manifesté à Paris dans une ambiance offensive. Le 31 décembre, un rassemblement en soutien aux marcheurs bloqués au Caire a également eu lieu devant le Quai d’Orsay. Partout en France (Orléans, Tours, Lille, Lyon, Marseille, Trappes, Chambéry, Montpellier, Clermont–Ferrand, Mâcon, Nancy, Saint-Malo, Romans, Reims, Thionville, Argenteuil-Cergy, Arras, etc.) les mobilisations unitaires ont eu lieu, parfois sur plusieurs jours (voir article Marseille p.12) et à plusieurs endroits sur le même territoire (Val-d’Oise), rassemblant plusieurs milliers de personnes et montrant ainsi l’écho politique et l’ancrage local potentiel du mouvement.

Par exemple, dans le Val-d’Oise, un collectif spécifique s’est monté pour l’occasion, rassemblant un très large spectre d’organisations politiques, syndicales et associatives, organisant des rendez-vous entre le 20 et le 31 décembre, d’Argenteuil à Cergy. À l’heure où notre gouvernement s’investit dans le blocus en participant directement à la construction du mur entre Gaza et l’Égypte, tout en renforçant les cadres internationaux qui organisent la domination militaire et politique des grandes puissances dans la région (Union pour la Méditerranée, Otan, etc.), nous devons nous appuyer sur cette expérience pour amplifier et ancrer le mouvement.