Publié le Mercredi 5 mai 2021 à 09h58.

« Mort aux Arabes » : une violence raciste structurelle en Israël

Les récentes émeutes anti-palestiniennes à Jérusalem, loin d’être un incident isolé, sont révélatrices de mécanismes beaucoup plus profonds.

Lors des émeutes racistes antipalestiniennes qui ont eu lieu à Jérusalem la semaine dernière, une manifestante a été interviewée par un journaliste à propos du langage utilisé par la foule en furie. Le journaliste a demandé à la jeune manifestante si elle se sentait représentée par les slogans criés par les manifestants, comme « Brûlez les villages arabes » et « Mort aux Arabes ». Elle a répondu, en souriant : « Je le dis d’une manière appropriée. Je ne dis pas "Brûlons leurs villages", je dis qu’ils devraient partir et que nous devrions prendre leurs terres. Exactement ce que nous faisons dans la vieille ville ».

Il y a beaucoup de choses à décortiquer dans cette réponse éloquente. En premier lieu, les attitudes coloniales qui existent dans tous les secteurs de la société israélienne, et pas seulement au sein du gouvernement ou de l’armée. Mais aussi la manière dont les communautés de colons ont normalisé la violence raciale et le nettoyage ethnique continu – ce que certains appellent la Nakba permanente – que leurs colonies en constante expansion ont exigés.

Violences protégées par l’État

La violence des colons est aussi ancienne que l’État d’Israël et constitue une menace pour les PalestinienEs au quotidien. La Nakba, l’expulsion massive initiale de 750 000 PalestinienEs pour faire de la place à l’État juif, a été mise en œuvre non seulement par les forces armées sionistes, mais aussi par les colons qui ont rapidement remplacé la population autochtone, construisant des maisons sur les ruines de celles des exiléEs, protégés par l’État en formation.

Actuellement, au moins 600 000 colons israéliens vivent dans des colonies illégales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, en violation directe du droit international. L’extrême violence de ces colons est non seulement fortement protégée par l’État et les forces de sécurité israéliennes, mais en outre l’État compte sur la présence de ces colons pour grappiller indirectement toujours plus de terres en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées.

De nombreux rapports ont montré que les personnels de l’armée ou de la police protègent et aident les colons dans leurs attaques contre les PalestinienEs. De nombreux PalestinienEs, y compris des enfants en train de jouer, ont été arrêtés et emprisonnés par les forces israéliennes afin de répondre aux besoins de ceux qui résident dans les avant-postes illégaux.

1 293 attaques en 15 ans

L’organisation israélienne de défense des droits de l’homme, Yesh Den, a enregistré 1 293 cas de violence de la part des colons entre 2005 et 2019. Sur ces incidents, à peine 8 % des enquêtes ont abouti à des poursuites pénales contre le colon fautif.

Quelques jours seulement après les émeutes extrémistes à Jérusalem, un groupe de trois colons juifs extrémistes a attaqué et envoyé à l’hôpital un berger de 66 ans, Ibrahim Hamdoun, alors qu’il faisait paître son bétail sur ses terres à Jénine, en Cisjordanie.

Si tout ceci doit nous apprendre quelque chose, c’est que la violence des colons et de l’État fait partie intégrante de la société israélienne, dans son ensemble. Même si des Israéliens choisissent d’atténuer la violence de leur vision de l’expansion des colonies et de l’annexion, ils continueront à participer et à bénéficier du nettoyage ethnique de Jérusalem, et du reste de la Palestine historique, par le biais des expulsions, des démolitions de maisons, du refus raciste de permis de construire, et comme nous l’avons vu la semaine dernière, de la violence physique et de l’intimidation.

Publié sur mondoweiss.net, traduction J.S.