Publié le Vendredi 27 mai 2011 à 16h02.

Nakba et plan Dalet, crime de guerre et contre l’humanité ?

«Un État juif n’aurait pas pu être créé sans déraciner 700 000 Palestiniens. Par conséquent il était nécessaire de les déraciner. Il n’y avait pas d’autre choix que d’expulser cette population […] Le commandant du front nord, Moshe Carmel, a donné à son unité l’ordre écrit d’accélérer l’expulsion de la population arabe. Carmel a engagé cette action immédiatement après une visite de Ben Gourion au commandement Nord de Nazareth... » Il s’agit là d’un extrait d’une interview de Benny Morris, « père » des nouveaux historiens israéliens parue dans Haaretz du 8 janvier 2004.

Dés 1961, l’historien Walid al-Khalidi démontrait dans ses travaux de recherche que les expulsions, les massacres commis depuis décembre 1947 et jusqu’au milieu de 1949 par les milices sionistes n’étaient nullement un concours de circonstances dû aux combats, mais bel et bien la mise en œuvre d’un vaste plan théorisé et programmé. Il aura fallu attendre la fin des années 1990, pour que la chape de plomb se fendille et explose enfin grâce aux travaux des nouveaux historiens israéliens et parmi ceux-ci l’ouvrage d’Ilan Pappé, Nettoyage ethnique de la Palestine1.

La parole palestinienne a été bâillonnée durant des décennies. Dans l’univers occidental, il ne pouvait être admis qu’Israël était né de massacres, d’expulsions et de transferts de populations, bien loin du respect de ce que d’aucuns nomment « droit international ». Si aujourd’hui l’existence du plan Dalet, élaboré à la maison rouge, siège de la Haganah2, n’est plus contesté, était-il circonstanciel ou inspiré par une idéologie colonialiste et raciste ?Une ébauche de réponse se trouve dans l’interview de Benny Morris : « [...] mon sentiment est que cet endroit serait plus calme et connaîtrait moins la souffrance si l’affaire avait été résolue une fois pour toutes, si Ben Gourion avait effectué une expulsion importante et qu’il avait nettoyé tout le pays – toute la terre d’Israël, jusqu’au fleuve du Jourdain ». Propos d’un intellectuel qui, bizarrement, était classé à gauche, mais surtout, pensée politique d’une frange importante de l’appareil politique israélien. Lieberman, leader du parti « Israël notre maison » et ministre des Affaires étrangères, mais aussi le rabin Ovadia Yossef chef du Shass, composante de la majorité parlementaire israélienne, continuent de prôner le transfert de populations. Transfert qui ne pourra pas être obtenu par consentement des populations arabes tant de Cisjordanie/Gaza que des territoires de 1948 !

Commémorer ce 15 mai 2011 la Nakba, c’est-à-dire la catastrophe subie par le peuple palestinien, c’est aussi agir pour aujourd’hui et demain. L’idéologie politique dominante en Israël, la revendication du caractère juif de cet État, les lois racistes et liberticides adoptées depuis plusieurs mois par le Parlement israélien perpétuent la philosophie du plan Dalet. Le NPA, ses militantes et militants seront présent lors des différentes initiatives annoncées pour ce 15 mai 2011.Présent pour commémorer les victimes de la Nakba, mais aussi pour exiger que justice soit rendue au peuple palestinien, car sans justice, il ne peut y avoir de paix. À Paris, dans la manifestation qui partira de la place de la République, par nos slogans nous crierons : « soutien à la résistance », « justice pour le peuple palestinien », « droit à son autodétermination », « droit au retour de tous les réfugiés ».

Marc Prunier1. Fayard, 2004.2. Ancêtre de Tsahal.