Après la Grande-Bretagne, la France et l’Italie ont annoncé l’envoi de conseillers militaires en Libye, ainsi qu’une intensification des frappes aériennes, des bombardements. L’intervention militaire des grandes puissances qui devait être de courte durée devient une véritable guerre. Tripoli est depuis vendredi dernier la cible de raids intensifs de l’Otan. Dans la nuit de dimanche à lundi, le bureau du dictateur a été totalement détruit. On est loin de la protection des populations civiles. L’escalade militaire dans laquelle s’engage l’Otan ne peut qu’aider Khadafi à justifier sa résistance et à tenir contre les insurgés. Les déclarations visant à accréditer l’idée de l’efficacité des bombardements sont peu crédibles. Ainsi, lundi, les troupes de Kadhafi auraient été repoussées hors de la ville côtière de Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli mais d’après le porte-parole militaire du Conseil national de transition (CNT) à Benghazi, les bombadements sur la ville continuaient et selon ses propres déclarations, « Kadhafi n’est pas en train de perdre ». Les discussions engagées par l’Union africaine pour tenter de trouver une solution négociée se poursuivent autour de la « feuille de route » acceptée depuis fin mars par Khadafi. Mais elles n’ont aucune chance d’aboutir à quoi que ce soit puisqu’elles n’envisagent pas le départ de Khadafi alors que le Conseil national de transition reconnu par la France et l’Italie en font une condition et que les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont prévenu que les bombardements ne cesseraient que lorsque Kadhafi quitterait le pouvoir. Autant dire que la guerre va durer. Il y a une forte probabilité pour que l’envoi de conseillers militaires soit le premier pas pour préparer une intervention militaire au sol. Sarkozy a annoncé son intention de se rendre à Benghazi. Au-delà de ses propres ambitions, l’aventure militaire dans laquelle il engage la France obéit à un objectif bien précis : préserver la place de la bourgeoisie de ce pays dans le partage des richesses pillées par l’impérialisme dans les pays pauvres. Cette guerre comme celle d’Afghanistan ou de Côte d’Ivoire sert les intérêts des grands groupes capitalistes français à l’ombre des USA. Elle vise à préserver les positions des grandes puissances pour contrôler les sources d’approvisionnement en pétrole et garder la main sur le Proche et le Moyen-Orient, canaliser, étouffer le processus révolutionnaire. Une excellente publicité aussi pour les marchands d’armes. Ainsi des millions d’euros sont engloutis dans les missiles et les bombes alors que l’État ne cesse de répéter qu’il faut faire des économies sur les écoles, sur le système hospitalier, sur les prestations sociales et geler les salaires...Loin d’aider les peuples à conquérir la démocratie et la liberté, les armées des grandes puissances en sont les fossoyeurs.Arrêt des bombardements ! À bas les aventures militaires de Sarkozy ! Pour le droit à l’autodétermination du peuple libyen !
Yvan Lemaitre