« Nous devons rejoindre les rangs des autres pays développés et fournir une couverture médicale abordable et de qualité à tous nos citoyens », affirmait Obama le 9 septembre 2009 lors de la présentation au Congrès de la réforme de la santé.
Alors que les États-Unis consacraient plus de 16 % de leur produit intérieur brut (PIB) aux dépenses de santé – un record mondial –, plus de 48 millions d’Américains n’avaient pas accès à une couverture maladie et des dizaines de millions étaient très mal assurés. Sa réforme devait être « une victoire pour tous les Américains » disait-il quand elle fut adoptée en 2010. En fait, elle s’intégrait dans la politique de relance mise en place par le gouvernement au lendemain de la crise financière.
Medicaid, la couverture médicale publique des plus pauvres, devait être étendue pour couvrir tous ceux dont le revenu était en dessous de 133 % du seuil de pauvreté. Les entreprises de plus de 50 personnes devaient fournir une assurance à leurs salariéEs sous peine d’amende, et toutes les autres personnes devaient souscrire, également sous peine d’amende, une assurance médicale auprès d’assurances privées qui auraient accepté de figurer dans une espèce de bourse aux assurances dans chaque État. Les personnes dont le revenu était compris entre le seuil de pauvreté et quatre fois ce seuil seraient aidées financièrement pour payer leur prime d’assurance.
Des industriels de la santé et des assureurs choyés
En mettant en place un système reposant entièrement sur les compagnies d’assurances privées, ce sont les profits des assureurs qu’Obama a voulu soigner, bien plus que les dizaines de millions d’AméricainEs qui n’ont pas de couverture médicale ou qui en ont une insuffisante. C’est la perpétuation d’un système dont le fonctionnement complexe et opaque coûte très cher à la population, qui profite d’abord aux industriels de la santé comme aux assureurs privés et qui ne permet toujours pas à une majorité de la population de se soigner dans de bonnes conditions. Cette réforme a donc été l’occasion d’aides aux particuliers, qui en fait vont dans la poche des assureurs... qui augmentent les prix des primes.
La loi originelle a été sérieusement modifiée sous la pression des Républicains et des entreprises. La Cour suprême a laissé la liberté aux États d’étendre ou pas Medicaid. Ainsi, bien loin d’offrir une couverture maladie universelle, elle laisse 33 millions de personnes sans aucune couverture médicale. C’est une espèce d’usine à gaz qui permet certes de couvrir un peu mieux une partie des personnes jusqu’alors non assurées, mais en finançant les assureurs privés au détriment des particuliers comme des finances publiques.
Yvan Lemaitre