Publié le Lundi 25 juillet 2011 à 20h14.

Palestine en Périgord

Trélissac (Dordogne). Dans la grande salle du centre social, 25 étudiants palestiniens se présentent lors de la soirée de solidarité organisée par « Dordogne Palestine » qui assure l’accueil de l’Université d’été du Mouvement de la jeunesse palestinienne (PYM) : « je suis originaire de Jénine, je suis née en Jordanie, je fais des études de cinéma à Madrid », « je suis originaire de Ramallah et suis dans une école d’ingénieur à Stockholm », « ma famille est de Saint-Jean-d’Acre, je fais des études de droit à Toronto »... Ils sont venus d’Athènes ou de Damas, d’Allemagne ou du Koweit, pour deux semaines de cours intensifs. Loubna, qui vient de prendre le rôle de coordonnatrice, vit à San Francisco. Plus de la moitié n’ont jamais mis les pieds en Palestine et ne savent pas quand ils pourront y accéder. Ceux qui devaient venir du Chili, d’Iran ou d’Algérie n’ont pas encore eu leur visa : les sbires de Guéant et Juppé ont peur de l’immigration que Sarkozy n’a pas choisie. Pourtant, ces Palestiniens ne veulent qu’une chose : vivre en Palestine libérée et participer à la (re)construction du pays. Entretien. PYM, nouveau sigle dans la galaxie palestinienne. Qu’est-ce ?Lors de notre deuxième assemblée générale à Istanbul, en avril dernier, ce qui avait commencé comme une simple conversation entre de jeunes Palestiniens et des organisations de jeunes de l’intérieur ou de l’exil, il y a déjà cinq ans, et s’était développé comme un réseau, est devenu le Mouvement de la jeunesse palestinienne. Le réseau a été fondé en novembre 2008 lors d’une conférence internationale qui a réuni à Madrid 150 jeunes Palestiniens de 35 pays.Notre conviction est que, pour contribuer à une vraie libération, notre rôle est de développer un mouvement de jeunesse transnational, avec des jeunes qui peuvent n’avoir encore jamais été en Palestine, mais qui sont fiers de leurs racines et veulent contribuer au combat palestinien pour la liberté. Et politiquement, comment vous situez-vous ?Nous avons fait un choix, celui d’un mouvement pluraliste, non affilié à une organisation existante, permettant l’appartenance à chacune. Pas de naïveté, mais le constat de l’impasse actuelle du mouvement de libération et la volonté de contribuer à en dépasser les contradictions. Les défis que nous avons à relever s’accumulent. Face à la poursuite de la colonisation sioniste et de l’occupation, notre détermination à réaliser notre aspiration au retour et à la libération de notre terre est plus forte que jamais. Nous reconnaissons que notre combat est lié aux combats de tous les peuples indigènes et opprimés. Et il a ses racines dans le contexte régional arabe, qui doit être libéré du néocolonialisme, avec l’objectif que la libération de la Palestine devienne une réalité tangible. Pour la justice, pour les droits humains, pour la libération de la Palestine, nous voulons constituer un mouvement réellement transnational. Bien sûr, les mouvements existants ont été circonspects au départ, mais nous pouvons dire qu’aujourd’hui nos relations sont bonnes avec tous. Vous vous êtes tous présentés comme étudiants. Quelles différences avec la GUPS1 ?Le projet n’est pas du même ordre. La GUPS a assuré longtemps dans différents pays la représentation du Mouvement national palestinien. Mais avec la naissance de l’Autorité palestinienne et la crise de direction du mouvement national, la GUPS n’a plus eu le même rôle. Un temps, la GUPS en France a donné la priorité à sa participation au développement du mouvement de solidarité. Voir par exemple son rôle dans la naissance et le développement de Génération Palestine.La génération actuelle de la GUPS en France pense indispensable de faire un mouvement sur nous-mêmes. Où que nous soyons dans le monde, nous avons besoin de développer une vison commune de ce que nous sommes et de ce que nous voulons faire. Quand on vous écoute, il me semble que l’on sent l’influence du contexte politique national dans lequel vous vivez, même si vous savez danser ensemble le dabkeh. Vivre comme Palestinien à San Francisco ou à Damas, ce n’est pas la même chose. Bien sûr. C’est l’objectif de cette Université d’été de dépasser là aussi ce qu’il peut y avoir de contradictions. Nous rassemblons les membres les plus engagéEs dans le processus de construction. Nous avons déjà une quinzaine de branches nationales constituées dans le monde, et une dizaine d’autres en construction ou en perspective. L’Université d’été, que ceux qui l’ont permis en soient remerciés,2 est l’occasion pour nous de vivre une expérience nouvelle, humaine autant que politique. 1. L’Union générale des étudiants palestiniens.2. L’Université d’été a bénéficié du soutien du conseil régional d’Aquitaine, du conseil général de Dordogne, des municipalités de Trélissac, Périgueux et Coulounieix-Chamiers. L’association Dordogne Palestine est liée à la Fédération des villes jumelées avec des camps palestiniens. Propos recueillis par Roger Devaneuse