Publié le Jeudi 18 juillet 2013 à 11h40.

Pays basque : les exiléEs politiques investissent le processus de paix

Une grande manifestation de soutien a lieu ce samedi 20 juillet à Bayonne. Le 15 juin a été une journée historique : une centaine d'exiléEs politiques basques sont apparuEs publiquement devant les 4500 participantEs d'un meeting à Biarritz. Le Collectif des exiléEs a donné la liste de 14 porte-parole, certains résidant actuellement au Pays basque Nord, d’autres en exil au Cap Vert, en Uruguay ou en Belgique…

Ce Collectif regroupe plusieurs générations. La première, ayant fui la dictature franquiste au début des années 70, a bénéficié en France du statut de réfugiéE jusqu’en 1979, où il a été supprimé par Giscard d’Estaing, l’Espagne étant alors considérée comme un régime « démocratique »… Une « démocratie » qui a pourtant à son actif les 28 assassinats perpétrés par le GAL à partir de 1983. Rappelons que les premières extraditions de réfugiéEs basques ont eu lieu sous Mitterrand en 1984. En 1986, le gouvernement Chirac a mis en place la procédure « d’urgence absolue » pour faciliter les extraditions.Depuis 2002, le mandat d’arrêt européen (MAE), véritable mesure d’exception purement judiciaire, s’est substitué à l’extradition et facilite la remise à Madrid de membres présumés de l’ETA et/ou de personnes qui, suite à l’interdiction de partis, de mouvements, et de médias, ont fui l’état espagnol et la torture qui y sévit toujours.

La répression doit cesserLe Collectif chiffre à plus de 300 le nombre actuel d’exiléEs, disperséEs dans différents pays et continents. Certains des exiléEs ont acquis la nationalité du pays qui les accueille, d’autres vivent sous une fausse identité, ou sans papier, sans statut juridique ou administratif, n’étant pas reconnus en tant que réfugiés politiques. Certains sont gravement malades et ne peuvent pas se faire soigner ou opérer.Le Collectif a annoncé sa participation au processus de paix initié par la Conférence d’Aiete d’octobre 2011 suivie, quelques jours après, par l’annonce de la fin de la lutte armée de l’ETA. Un processus toujours unilatéral puisqu’à ce jour l’État espagnol, suivi par l’État français, se refuse à tout dialogue.Le Collectif a présenté une feuille de route en trois points :- La fin des mesures et législations d’exception ; la liberté de mouvement de ses membres.- La garantie des droits fondamentaux, la prise en charge de celles et ceux qui sont gravement malades ou en situation de marginalisation, le droit au retour pour toutes et tous.- La nécessité que soit connu et rendu public tout ce qu’ont subi les exiléEs.Le Collectif tend la main aux États espagnol et français « qui ne pourront l’ignorer encore longtemps » a précisé l’un d’entre eux. La première réponse des États, sans nuance, est la poursuite de la répression. L’Audiencia Nacional continue en effet à émettre des MAE. Comme par hasard, trois sont intervenus après le meeting de Biarritz, à l’encontre de Benat Atorrasagasti, Aitor Zubillaga et Jokin Aranalde, l’un des 14 porte-parole du Collectif. Ils sont actuellement en attente de la décision du Parquet de Pau. Leur avocate pose la question : « Pourquoi ces MAE aux faits très anciens sont-ils activés à l’heure actuelle ? » Elle ajoute : « ces MAE se fondent sur la violation des droits élémentaires flagrants, sur la base de déclarations faites sous la torture ». Autant de raisons d'être dans la rue samedi !

Claude Larrieu