Lors de sa campagne électorale victorieuse de 2016, Rodrigo Duterte, alors élu président des Philippes, s’était fait une réputation mondiale pour la brutalité de ses propos, dénonçant les « connards » de la haute administration, se vantant d’avoir froidement exécuté des délinquants dans la ville dont il est le maire, regrettant de ne pas avoir été le premier à « passer sur le corps » d’une religieuse australienne violée et tuée par des repris de justice.
Depuis sa prise de fonction, il a poursuivi sur sa lancée, multipliant les déclarations ordurières et menant une guerre meurtrière contre les pauvres, au nom de la « guerre à la drogue ». Dès 2017, Tirana Hassan, d’Amnesty International, expliquait ainsi que « pour l’essentiel, la police a systématiquement ciblé des pauvres et des personnes sans défense dans tout le pays. […] Sur la base de preuves inconsistantes, des gens accusés d’utiliser ou de vendre de la drogue sont tués pour de l’argent dans le cadre d’une économie de meurtre. »
La semaine dernière, Duterte s’en est ainsi pris à l’un de ses opposants, le sénateur Antonio Trillanes, dont il a par ailleurs affirmé qu’il était homosexuel : « Trillanes et moi sommes pareils, mais je me suis soigné », a ainsi déclaré Duterte, avant d’expliquer qu’il était « redevenu un homme » grâce aux « belles femmes ».
Des déclarations homophobes qui, dans un pays où la violence est omniprésente et encouragée par les autorités, n’ont pas manqué de faire réagir. Ainsi de Bahaghari, une association de défense des droits des LGBT, citée par l’AFP : « C’est symptomatique d’une maladie grave : celle de l’ignorance, des préjugés et de la haine […]. Ces déclarations, comme ses propos pervers et insultants pour les femmes, ne peuvent être prises à la légère ou considérées simplement comme des blagues. »
J.S.