Publié le Jeudi 5 février 2015 à 18h42.

Podemos : un outil politique capable de chasser le gouvernement dans quelques mois

Entretien. Militant à Madrid, Raul Camargo est membre de la direction du mouvement Anticapitalistas et de Podemos. Avec lui, nous revenons sur la grande manifestation de Podemos samedi 31 janvier et la politique des anticapitalistes dans l’État espagnol et au niveau européen.

Comment expliquer la réussite de la manifestation de Podemos à Madrid ce samedi ?La « Manifestation pour le changement » a réuni plus de 150 000 personnes, une majorité sociale travailleuse désireuse de chasser le gouvernement du Parti populaire (PP - droite) et de montrer qu’il existe un outil politique capable de le faire dans quelques mois.Depuis la manifestation des Marches de la dignité le 22 mars 2014, nous n’avions pas vu pareille démonstration de force. Le travail des cercles de Podemos a été très intense dans la préparation de la manifestation. Aujourd’hui, le gouvernement du PP et l’alternative sociale libérale du Parti socialiste (PSOE) s’inquiètent plus que jamais. Leur éviction du pouvoir approche.

Quelles sont les perspectives au niveau des mobilisations et manifestations, et dans les urnes ?Il n’y a pas eu beaucoup de mobilisations cette année, parce que la majorité sociale attend les élections pour chasser le PP et le PSOE du gouvernement. Il est important que ces deux partis ne l’emportent pas à nouveau.Mais il faut aussi qu’il y ait un pouvoir organisé dans les quartiers et les lieux de travail pour soutenir les mesures progressistes d’un futur gouvernement de gauche, aussi pour le contrôler s’il s’écarte des promesses de son programme. Bientôt, il y aura une nouvelle mobilisation des Marches de la dignité revendiquant du pain, du travail et un toit. Nous devons aussi y être et en faire un nouveau succès.

Ton organisation, Izquierda Anticapitalista (IA), s’est transformée en mouvement dans Podemos. Pourquoi ?IA est devenue un mouvement appelé Anticapitalistas. Il intervient dans Podemos et dans d’autres espaces sociaux. Nous avons franchi ce pas avec le soutien majoritaire de notre organisation, 82 % des voix, et de très bonnes perspectives de croissance. La naissance de Podemos, que dès le départ nous avons contribué à créer, nous oblige à nous transformer mais en aucun cas à nous dissoudre. Nous continuons et plus forts que jamais.

Comment apprécier la situation européenne et la brèche ouverte dans l’austérité par la victoire de Syriza ?La victoire de Syriza est un pas très important pour pouvoir franchir une nouvelle étape dans le rapport entre les peuples du sud et la troïka. Il est plus important que jamais d’avoir un peuple organisé et disposé à se mobiliser contre les chantages auxquels les institutions européennes vont se livrer. La victoire électorale est un point d’inflexion mais si elle n’est pas ­accompagnée des mesures nécessaires pour pouvoir imposer la réalisation du programme de Syriza, elle peut engendrer une grande déception. L’auto-organisation des travailleurs est de ce fait indispensable.

Quels liens construire entre les anticapitalistes au niveau du continent ?À cette étape, les liens entre les anticapitalistes de toute l’Europe sont indispensables. Pour renverser la troïka et les créanciers, il faut une coordination démocratique et efficace de toutes les organisations sociales et politiques de gauche prêtes à défier les marchés. À Podemos, il est bien clair que l’internationalisme est aujourd’hui plus qu’un mot d’ordre, c’est une nécessité.

Propos recueillis par Manu Bichindaritz (traduit par Monicá Casanova)