Les images insoutenables de Rafah — ville où avaient été déplacéEs des centaines de milliers de GazaouiEs — nous parviennent en haute résolution alors que se déroule l’offensive militaire israélienne.
Après le massacre de la farine, le massacre des tentes : plusieurs dizaines d’enfants brûléEs vifs par un bombardement israélien. Des images atroces qui ont déclenché une vague d’indignation mondiale. Un « ça suffit » énorme a déferlé la semaine dernière dans des dizaines de pays. En France, notamment à Paris, des rassemblements massifs ont eu lieu tous les soirs de la dernière semaine de mai avec plusieurs départs en manifestations « sauvages ». Des cortèges jeunes et dynamiques malgré la météo catastrophique. La dynamique s’est confirmée avec des manifestations plus massives ce week-end à Paris mais aussi dans beaucoup de villes en régions.
Netanyahou fragilisé
Après bientôt huit mois de guerre sans relâche sur une enclave d’où il n’est pas possible de s’échapper avec un accès à l’eau et à la nourriture dépendant de l’aide humanitaire, le calvaire des PalestinienNEs ne fait que continuer, et à la cruauté s’ajoute l’insulte. Ou plutôt les insultes.
D’une part, Netanyahou est invité à parler au JT de TF1 en « prime time » pour défendre sa propagande en parlant de civilisation judéo-chrétienne. Il serait également invité en personne aux États-Unis pour parler devant le Congrès par des sénateurs des deux partis politiques le 13 juin prochain, ce que nie Netanyahou.
Netanyahou peut aussi insulter la terre entière en refusant l’accord de cessez-le-feu qu’il a lui-même proposé. Il sait que sa coalition ne survivra pas à un arrêt de l’offensive. Et même s’il y a beaucoup d’oppositions à sa politique, notamment les familles des otages, la société israélienne continue d’être partisane du massacre. Un sondage du 1er juin indiquait que 34 % des IsraélienNEs pensent que le gouvernement n’est pas allé assez loin dans l’offensive à Gaza. Et même parmi la gauche israélienne, les gens sont majoritairement opposés au fait que leur Premier ministre soit la cible de mandats d’arrêt de la CPI comme un vulgaire « dictateur africain », selon la formule raciste d’un ministre israélien.
Ces mandats d’arrêt ne sont pourtant que justice et, quand ils seront émis, Netanyahou ne pourra presque plus se déplacer (sauf pour aller aux États-Unis ou… en Russie). Cette mini-victoire et la perte de légitimité sont d’excellents points d’appui.
La mobilisation continue
Cela ne suffira pas néanmoins. Car même si la pression monte, elle ne monte pas assez vite pour les PalestinienNEs qui continuent de subir des horreurs, de souffrir de la famine et de conditions sanitaires déplorables, tout en étant poussée à fuir. Plus de 58 % des bâtiments ont été détruits à Gaza, et Israël a, au cours des derniers mois, agrandi un checkpoint, à Netzarim, pour en faire une « zone tampon » autour d’une route de 6,5 km de long, traversant la bande de Gaza. Une zone militaire grignotant davantage de territoire aux PalestinienNEs !1
Il reste qu’Israël est mis de plus en plus au ban des nations et ne survit que par un soutien des puissances occidentales qui commencent à trouver que le prix de ce soutien est élevé. Joe Biden, le premier.
Il faut donc continuer à intensifier la pression, pour que ce coût augmente de façon rédhibitoire. Pas seulement pour l’arrêt des massacres mais aussi pour la justice à Gaza, en Cisjordanie, contre l’occupation et pour défendre le droit au retour de toutes et tous les PalestinienNEs. Pour une Palestine libre !
Nous serons dans les prochains jours dans la rue pour crier notre colère et notre indignation, mais aussi pour construire les collectifs locaux de solidarité avec les PalestinienNEs contre l’ordre colonial et continuer à mettre la pression contre l’occupation des territoires !
- 1. Ruwaida Kamal Amer (+972 Magazine), « Comment Israël redessine la bande de Gaza », Mediapart, 1er juin 2024.