Plus de trois heures de discussion entre le Préfet et ses services extérieurs et la délégation de LPDM (collectif « Lyannaj Pou Dépolyé Matinik ») : l'État met les formes ! Quant au contenu c'est une autre affaire.
En réalité, il faudra attendre la fin janvier ou le début février pour savoir ce que le gouvernement aura décidé de prendre en compte dans les revendications de la population.
Cette rencontre, à l'initiative de la Préfecture entrait donc dans le cadre de la fameuse consultation dont nous avons souligné qu'elle était un échec : aucune réunion avec la population et seulement un millier de prises de position en ligne. C'est moins que le nombre de signataires de la pétition de Lyannaj reprenant nos principales revendications ! Une pétition qu'il faut encore signer.
Refusant toujours notre logique de négociation, le Préfet indique que la prise en compte éventuelle résultera d'un arbitrage gouvernemental aux dates indiquées plus haut.
LPDM a dénoncé le caractère dérisoire des sommes annoncées jusqu'à maintenant pour faire face au crime d'État, dénoncé le mode de « gouvernance » du dossier (même les 13 millions qui seraient par la suite la part de la Collectivité territoriale de la Martinique n'ont pas été négociés puisque cette somme résulterait de crédits européens alloués).
LPDM a fait reconnaitre que les promesses de transparence sur les résultats de la recherche scientifique au fur et à mesure des travaux n'ont pas été respectées, que l'information sur les mesures à prendre pour les femmes en âge de procréer n'est pas faite au grand public, que les projets alternatifs en matière d'agriculture nourricière ne reçoivent pas le soutien nécessaire,que le programme de mise à disposition des terres en friches est en panne, que le laboratoire territorial d'analyses aurait pu jouer un rôle plus conséquent.
Lutter contre tous les pesticides
Sur plusieurs de ces sujets, le Préfet renvoie la balle aux collectivités locales et informe qu'il a rencontré les maires pour leur souligner leur rôle pour la question des terres en friches.
La présence dans la délégation d'un ouvrier agricole victime non pas du chlordécone mais du Glyphosate a permis de souligner le caractère général de la tragédie des pesticides et de répéter nos critiques sur l'inadaptation des mesures gouvernementales que le Préfet ne peut nier.
Le volet de la responsabilité évoqué, a permis au préfet de se retrancher derrière la séparation des pouvoirs tout en affirmant que la justice doit passer et passera. Vue la lenteur des choses sur cet aspect plus encore que sur les autres, le projet de LPDM d'organiser, avec de nombreux autres partenaires, un procès international citoyen sur les pesticides en général et le chlordécone en particulier prend tout son sens. À cette occasion la « responsabilité morale » dont parle le Préfet sera complétée par la responsabilité politique et sociale.
Il nous paraît évident que cette rencontre justifie les décisions de mobilisation prises par Lyannaj : rendez-vous samedi 23 janvier au Morne-rouge.