Publié le Mercredi 6 juin 2012 à 22h32.

Prisonniers palestiniens. Malgré l’accord, le combat continue !

Le 14 mai dernier, les 2 000 prisonniers palestiniens en grève de la faim décidaient de mettre un terme à leur mouvement de protestation, un accord ayant été obtenu avec les autorités pénitentiaires israéliennes. Ces dernières s’engageaient à répondre à un certain nombre de revendications palestiniennes : la fin des détentions administratives (emprisonnement de six mois sans motif et sans procès, renouvelable à l’infini), la levée des mesures d’isolement carcéral et l’autorisation de visites pour les prisonniers originaires de Gaza. Or, trois semaines plus tard, force est de constater qu’une fois de plus Israël n’a pas tenu ses engagements.Selon le ministre palestinien des Prisonniers, pas moins de 30 détentions administratives ont été reconduites depuis l’accord. Parmi les prisonniers frappés par ces reconductions, Hussam Khader, dirigeant du Fatah de Naplouse, dont l’emprisonnement sans motif a été prolongé de six mois le 27 mai dernier, en violation de l’accord du 14 mai. Hussam Khader, qu’une délégation du NPA emmenée par Olivier Besancenot et Myriam Martin avait rencontré en 2009 en Palestine, est un cas emblématique. Les autorités israéliennes n’apprécient guère sa défense intransigeante des droits des réfugiés, ses critiques du « processus de paix » et ses appels répétés à l’unité des factions palestiniennes. Au cours des 30 dernières années, il a été arrêté et détenu à 26 reprises par Israël… Autre exemple : le 3 juin, le tribunal militaire d’Ofer renouvelait la détention administrative de Bassam al-Saadi, dirigeant du Jihad islamique originaire de Jénine, emprisonné sans motif et sans procès depuis mai 2011. Il avait été arrêté, à l’époque, peu de temps après avoir achevé une peine de prison de huit ans. Al-Saadi est particulièrement bien placé pour savoir qu’Israël viole l’accord arraché le mois dernier : en tant que représentant des prisonniers, il est l’un de ceux qui l’ont directement négocié !

Certains des prisonniers, exclus de l’accord, poursuivent aujourd’hui encore la grève de la faim. À l’heure où ces lignes sont écrites, Mahmoud Sarsak, 25 ans, refuse de s’alimenter depuis 80 jours. Ce jeune footballeur originaire de Gaza, détenu depuis juillet 2009 en vertu de la loi israélienne sur les « combattants illégaux », a perdu plus de 25 kilos depuis le 19 mars. Il demande, tout simplement, que sa détention sans motif cesse immédiatement. Dans une lettre coécrite avec Akram Rikhaoui, en grève de la faim depuis 61 jours, il déclarait ce qui suit : « Nous vous informons que nous poursuivrons notre grève jusqu’à ce que l’ensemble de nos revendications soient satisfaites, et que nous ne nous soumettrons pas aux exigences de l’administration pénitentiaire malgré les provocations, les restrictions et le chantage dont nous sommes victimes. Nous n’accepterons pas de promesses et de demi-mesures malgré la détérioration de notre état de santé et le fait que nous sommes désormais dans une situation difficile et dangereuse ». Autant dire, à l’heure où l’hypothèse d’un nouveau mouvement collectif de grève de la faim est envisagée, que le combat continue et que la solidarité doit s’amplifier. 

Julien Salingue