Publié le Mercredi 25 novembre 2009 à 14h48.

Proche-Orient fin de partie ?

Proclamation par Mahmoud Abbas d’un État palestinien indépendant, poursuite de la colonisation par Israël, derrière la confusion qui semble régner en Palestine, c’est l’échec du processus d’Oslo qui apparaît le plus clairement. Les semaines qui viennent de s’écouler ont été chargées en « actualité proche-orientale ». Des déclarations d’Hillary Clinton à celles de Mahmoud Abbas en passant par l’annonce, par Israël, de la poursuite de la colonisation et la « menace » de la déclaration unilatérale d’un État palestinien indépendant, la confusion règne. Si l’on suit la chronologie des faits, c’est Hillary Clinton qui semble avoir mis le feu aux poudres: fin octobre, elle qualifie de « geste sans précédent » la proposition israélienne d’un gel « partiel et temporaire » de la colonisation, estimant que cette « offre généreuse » permet une reprise des négociations. Cette position est perçue comme une provocation par les Palestiniens et comme un blanc-seing par Israël. Dans les jours qui suivent, Abbas annonce que, dans de telles conditions, il ne se représentera pas à la présidence de l’Autorité palestinienne, semant le trouble jusque dans le camp palestinien. De son côté, le gouvernement israélien affirme qu’il poursuivra les projets de colonisation en cours et autorise la construction de 900 nouveaux logements à Gilo, colonie proche de Béthléem. C’est dans ce contexte que l’hypothèse de la déclaration unilatérale d’un État indépendant est émise par des responsables palestiniens tandis que d’autres affirment que l’époque de la « solution à deux États » est révolue.

Dans le même temps, la Commission électorale palestinienne annonce le report des scrutins législatifs et présidentiels, initialement prévus en janvier. Cette apparente confusion est tout autant révélatrice de l’impuissance de la direction palestinienne et de son absence de stratégie que des limites objectives du Processus d’Oslo. Les deux hypothèses émises par les dirigeants palestiniens, même si elles apparaissent à l’opposé l’une de l’autre, se rejoignent en effet sur un point : elles semblent prendre acte de l’état de mort clinique du prétendu « processus de paix ». Pourquoi la menace d’une déclaration unilatérale d’indépendance ? Une telle proclamation pourrait en effet s’avérer être un piège pour les Palestiniens, au vu de la réalité du terrain : déclarer l’indépendance virtuelle des bantoustans reviendrait en effet, de manière paradoxale, à entretenir l’illusion selon laquelle il existerait une quelconque souveraineté palestinienne dans des territoires pourtant contrôlés, en réalité, à 100 % par Israël.

Mais pour certains dirigeants palestiniens, déclarer un État dans les frontières de 1967 et demander sa reconnaissance par l’ONU contraindrait l’ensemble des États membres à « prendre leurs responsabilités ». La réponse de l’UE et des États-Unis n’a pas tardé : ils ont « pris leurs responsabilités » et rejeté le projet palestinien.

Derrière l’apparente confusion, c’est en fait le mythe de la « solution à deux États au terme d’un processus négocié » qui s’effondre. C’est ainsi qu’avec une lucidité déconcertante, Saeb Erakat, chef des négociateurs palestiniens, déclare dans le Monde du 10 novembre que « la chose la plus rationnelle que les gens peuvent faire, c’est de se reconcentrer sur l’idée de devenir des citoyens israéliens, pour être égaux en droits (…) dans un État israélien qui s’étend du Jourdain à la Méditerranée ». Même si les propos d’Erakat, dont l’avenir politique dépend de la poursuite des négociations, sont davantage une menace qu’un programme de mobilisation, ils sont révélateurs et annonciateurs de changements d’ampleur dont l’ensemble du mouvement de solidarité avec les Palestiniens devra tenir compte. Commission Moyen-Orient Palestine