«Donald Trump en guerre contre le football américain ». Un titre de presse qui pourrait prêter à sourire si le président des États-Unis ne nous faisait pas penser à un docteur Folamour qui, dans une posture mêlant volonté de puissance politique et machisme primaire, semble prêt à mettre encore un peu plus la planète à feu et à sang.
La « guerre » entre Trump et les sportifs US n’en est pas pour autant anecdotique. Il s’agit en effet d’un nouvel épisode de la contestation tous azimuts à laquelle fait face le président-milliardaire et, à l’heure où ces lignes sont écrites, le mouvement prend de l’ampleur, puisque ce sont désormais les ligues professionnelles de football, de basketball et de baseball qui sont concernées.
Pour comprendre ce qui se joue actuellement, il faut revenir en août 2016, lorsque le footballeur Colin Kaepernick s’était agenouillé durant l’hymne national pour protester contre les crimes racistes de la police, créant une vive polémique aux USA et s’attirant, déjà, les foudres de la droite et de l’extrême droite.
Le 22 septembre dernier, Trump faisait référence à cet épisode, s’en prenant vivement à « ceux qui manquent de respect » au drapeau US et qualifiant Colin Kaepernick – sans toutefois le nommer – de « fils de pute ». Une énième provocation qui a entraîné une vague de protestations dans le monde du sport, et une multiplication des actes de défiance à l’égard de Trump.
Le dimanche 24 septembre, ce sont ainsi plus de 100 joueurs de la Ligue de football qui se sont agenouillés durant l’hymne national, faisant flotter sur les stades un parfum des JO de Mexico en 1968, lorsque les deux sprinters noirs Tommie Smith et John Carlos avaient levé le poing et baissé les yeux durant l’hymne US.
Dans un pays à ce point marqué par le nationalisme, le « non-respect » de l’hymne et du drapeau est loin d’être anodin. Le défi lancé à Trump par les sportifs est l’un des derniers révélateurs de la contestation croissante du pouvoir aux USA, avec une fois de plus, en première ligne, les questions sociales et raciales. Un défi qui mérite le respect, et qui devrait nous inspirer.
Julien Salingue