Publié le Jeudi 31 mars 2016 à 08h32.

Racisme social

«Il y a aujourd’hui, on le sait, une centaine de quartiers en France qui présentent des similitudes potentielles avec ce qui s’est passé à Molenbeek », déclarait dimanche sur une chaîne de télévision, Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Il reprend ainsi à son compte les préjugés relayés complaisamment par les médias, comme quoi le terrorisme djihadiste serait la conséquence d’un communautarisme qui se développerait au cœur des quartiers pauvres où sont contraints de vivre les travailleurEs les plus exploités souvent issus de l’immigration. Une vision caricaturale et mensongère des choses qui est une nouvelle démonstration du mépris de ces ministres dits socialistes pour les classes populaires.

Molenbeek est une vieille ville ouvrière de près de 100 000 habitantEs qui se battent pour vivre le moins mal possible. Les vieux logements ouvriers laissés à l’abandon ont souvent été occupés par des immigréEs en grande majorité d’origine marocaine. C’est la ville la plus densément peuplée de la région, la plus jeune, mais aussi la plus pauvre. Elle connaît aujourd’hui un taux de chômage de plus de 25 %, de 40 % même chez les moins de 25 ans.

Comme tous les quartiers pauvres, elle a été laissée à l’abandon par l’État belge, pire encore qu’ici la plupart des banlieues. Tout cela laisse la porte ouverte à tous les trafics, à la délinquance, aux milieux marginaux, au sein desquels les djihadistes peuvent trouver les moyens de développer leurs propres trafics en lien avec des trafiquants de drogue et autres.

La population n’est en rien responsable, elle le subit, alors qu’elle est stigmatisée comme si elle était un foyer de terrorisme. Une démagogie cynique et dangereuse qui confond dans un même racisme les classes populaires et les populations immigrés.

Si la misère, la pauvreté, le chômage créent un terrain où peuvent proliférer tous les trafics dont ceux des djihadistes, ce sont bien le patronat et son État qui en portent la responsabilité, en Belgique comme ici. Comme ce sont eux qui sont responsables des causes qui ont engendré le terrorisme, leurs guerres  contre les peuples au Moyen-Orient ou en Afrique.

Le ministre socialiste et son gouvernement ont reçu à l’occasion les encouragements de Philippot et du FN. Quoi d’étonnant ? Le monde du travail doit opposer à la démagogie raciste qui cherche à le diviser, sa solidarité de classe, sans patrie ni frontière.

Yvan Lemaître