L’émergence de deux candidatures de la société civile lors des élections en République démocratique du Congo (RDC) est une bouffée d’oxygène dans un pays ravagé par les conflits armés et le clientélisme politique.
Le 20 décembre 2023 se dérouleront les élections présidentielles en RDC. Un pays en proie à une insécurité liée aux multiples groupes armés qui sévissent, notamment dans la région du Kivu.
Prégnance de la guerre
Le conflit le plus important reste sans conteste la guerre menée par le M23, milice soutenue et armée par le Rwanda. Ce mouvement se rend coupable des pires atrocités contre les civilEs qui n’ont d’autre choix que de fuir, grossissant les camps de réfugiéEs.
Félix Tshisekedi, lors de son intronisation à la présidence de la République, avait promis de mettre fin à cette insécurité. Son bilan est plutôt désastreux. Les forces armées de la RDC sont incapables de déloger le M23, et les couvre-feux instaurés ont été avant tout un moyen pour museler la population.
Élection contrainte
Cette guerre, la question de la souveraineté nationale et les conditions économiques sont les thèmes principaux de ces élections. Près de 24 candidats postulent à la magistrature suprême. Parmi eux, on trouve évidemment Tshisekedi le président sortant, Martin Fayulu, qui avait remporté les élections de 2018 mais dont la victoire a été volée par un accord entre Kabila et Tshisekedi, Moïse Katumbi ancien gouverneur du Katanga et homme d’affaires influent.
La particularité de cette élection présidentielle, outre qu’elle est couplée avec les législatives, les provinciales et les municipales, est qu’elle est à un tour. Ainsi l’alternance n’est possible qu’avec une candidature unique de l’opposition.
Si la plupart des candidats sont des politiciens plus soucieux de leur sort que de celui des populations, deux candidats font exception.
Nouveaux venus
Le premier est Floribert Anzuluni, il est un des fondateurs du mouvement citoyen « Filimbi » (sifflet en Swahili) qui avec « La Lucha » mobilisent la jeunesse sur les questions de gouvernance et de démocratie. Anzuluni a été élu lors des primaires organisées par une partie de la société civile et des partis de l’opposition. Il se présente sous l’étiquette « Alternative citoyenne RDC ». L’autre candidature est plus connue en Occident. Il s’agit du prix Nobel de la paix Denis Mukwege, connu pour soigner les femmes victimes de violences sexuelles lors des conflits armés. Sa caution de 100 000 dollars a été récoltée par des organisations citoyennes. Il défend sa candidature, convaincu par les limites des résultats de l’action de la société civile : « J’ai vu toutes les instances internationales où des décisions importantes pouvaient se prendre, mais ce n’est plus suffisant. Nous avons donc décidé de ne plus demander, mais de s’engager pour faire. »
Si les programmes politiques de ces deux candidats sont incomplets à bien des égards, reste leur volonté de répondre aux aspirations des populations et, dans le marigot politicien de la RDC, c’est loin d’être négligeable.