Publié le Jeudi 10 novembre 2022 à 13h00.

République démocratique du Congo : violence continue dans l’est du pays

En République démocratique du Congo (RDC), le gouvernement Tshisekedi a ouvert la boîte de Pandore en autorisant les armées des pays riverains, à l’exception du Rwanda, à intervenir pour pacifier les régions de l’est du pays. En réponse, le président rwandais Paul Kagamé a réactivé le groupe armé M23 en RDC. Son avancée rapide souligne les carences des forces armées congolaises et ouvre une nouvelle crise humanitaire.

Les Kivu nord et sud et l’Ituri sont depuis des années en proie à des violences provoquées par de nombreux groupes armés. On en compte plus d’une centaine. La plupart sont très localisés et vivent grâce à l’exploitation de mines et aux rackets exercés contre la population.

Le M23 sévit de nouveau

Le groupe armé M23, fondé en 2012, a repris du service. Son apparition est liée avant tout à l’agenda du Rwanda. Les experts de l’ONU confirment ainsi que cette milice est soutenue par les forces armées rwandaises. Ce qui explique en partie leur succès militaire. Le groupe a conquis des villes comme Bunagana, Kiwanja et Rutshuru, située à 70 km de la capitale régionale Goma. Ce soutien s’explique par la volonté de Kigali de ne pas être marginalisée dans une région qu’elle considère comme son arrière-cour, tant au niveau sécuritaire qu’économique, puisqu’une grande partie de l’extraction des richesses minérales, dont le coltan, s’exporte via le Rwanda.

Augmentation des conflits

Pour régler les problèmes d’insécurité de la région, le président Tshisekedi s’est tourné vers ses voisins de la Communauté d’Afrique de l’Est, les autorisant à franchir les frontières pour lutter contre les groupes armés. Si certains pourraient penser que, sur le papier, cette initiative de force régionale serait séduisante, elle se traduit bien différemment sur le terrain. En effet les pays interviennent d’abord et avant tout pour régler leurs propres problèmes. L’Ouganda avec les ADF (Allied Democratic Forces) une milice liée à Daech ; le Burundi avec son opposition armée Red Tabara ; et le Sud Soudan avec l’Armée du Seigneur de Kony. Le résultat est une augmentation des conflits. Bien souvent, les incursions des armées des pays frontaliers sur le territoire de la RDC s’accompagnent d’exactions contre les populations.

Le ras-le-bol de la population

Les autorités congolaises, au lieu de tenter d’apporter les solutions politiques et économiques permettant d’apaiser les tensions communautaires, s’engagent sur des réponses militaires. Elles ont imposé un état d’urgence dans le nord Kivu et l’Ituri, dont le résultat est plus d’écraser la dissidence, pour reprendre les termes d’Amnesty International, que d’améliorer la sécurité des populations.

Quant au M23, son avancée provoque la fuite de milliers de personnes qui rejoignent les camps de déplacéEs. Près de cinq millions y vivent dans des conditions de précarité extrême. Des manifestations spontanées ont rassemblé des milliers de jeunes en défense de la souveraineté de la RDC et contre le Rwanda. En parallèle, des messages de haine circulent contre les populations rwandophones, les Banyamulenge, qui vivent en RDC depuis des décennies.

Les exigences de la société civile1 sont que le Rwanda cesse tout soutien au M23, le départ de la MONUSCO (la mission de l’ONU) au profit de brigades d’intervention, la levée de l’état de siège, la libération des prisonniers politiques et la fin de l’impunité y compris pour les politiciens locaux qui soutiennent en sous-main les milices armées pour mieux asseoir leur pouvoir.

  • 1. Lire « Notre constat et nos propositions pour faire face aux violences armées à l’est de la République démocratique du Congo », sur https ://www.afriquesenlutte.org.