Publié le Vendredi 13 septembre 2013 à 16h14.

Résolution politique de la seconde conférence d’Antarsya

A-     La crise, la nouvelle situation politique et la lutte des classes en Grèce

 

1 – Les travailleurs et les couches populaires opprimées du monde entier, en Europe et particulièrement en Grèce, sont confrontés à une profonde crise structurelle du capitalisme contemporain et à une violente et réactionnaire accélération qualitative des attaques portées par le capital, les gouvernements, le FMI, l’UE et tous les dispositifs supranationaux qui profitent de la crise capitaliste pour procéder à une restructuration complète du capitalisme.

Avec l’intensification des antagonismes impérialistes et le renforcement de la tendance aux conflits militaires, spécialement à l’est de la méditerranée et au proche orient, de nouveaux risques, sans précédent, pèsent sur le travail, le bien-être social, les libertés démocratiques, la culture, l’environnement, l’éducation et la santé. Pour des millions de travailleurs dans le monde, et particulièrement pour ceux de Grèce, la mise en échec anticapitaliste de cette attaque, avec une perspective révolutionnaire, constitue une condition de survie. Simultanément, il devient de plus en plus évident qu’un large cycle d’insurrections demeure actif à travers une profusion de luttes importantes, aux quatre coins du monde, l’exemple le plus récent étant le soulèvement héroïque du peuple turque.

 

2 – Trois ans après le 1er mémorandum, le capitalisme grec a imposé un « holocauste social » au coût du travail. Cependant, il n’y a eu non seulement aucune croissance mais la crise s’est approfondie. De plus, l’UE et particulièrement l’EUROZONE, loin de triompher de sa propre crise, court maintenant le risque d’appuyer sur la gâchette et de devenir la première victime d’un nouveau cycle international de crises.

Le choix stratégique du capital grec de rester dans l’euro, sa connexion absolue avec l’UE et sa perspective la plus réactionnaire, constitue un facteur qui, simultanément, renforce l’attaque interne contre les travailleurs et le peuple, et exacerbe la crise du capitalisme grec. Contrairement aux prétentions de la coalition gouvernementale NOUVELLE DEMOCRATIE -PASOK - DIMAR, la récession de l’économie grecque va continuer au moins pendant les deux prochaines années. La dette publique grecque est « insoutenable », même en termes capitalistes. Sur la base de ce qui précède, une nouvelle « tonte » et un quatrième mémorandum ne sont qu’une question de temps.

 

3 – Les évènements de 2010 - 2012 constituent un premier cycle de révoltes, une période politique marquée par de massives, diverses et persistantes luttes de la classe ouvrière et du peuple contre la razzia résultant du mémorandum. Ces luttes ont contribué de façon décisive à l’exacerbation de l’instabilité et à la crise politique du système bourgeois, façonnant ainsi  les premiers éléments d’une crise d’hégémonie. Cette crise politique s’est exprimée par la chute de deux gouvernements et s’est reflétée dans les élections à travers la fragmentation et le déclin des partis bourgeois et la montée de la gauche ; ce qui a été exploité par la politique « managériale » de SYRIZA. Les luttes des travailleurs et du peuple ont retardé la mise en œuvre des mesures ; elles ont constitué des freins importants à la matérialisation des attaques et représentent actuellement un précieux héritage pour les épreuves de force significatives qui s’annoncent.

Le fait que ces luttes ne soient pas parvenues à provoquer des ruptures qualitatives, ni surtout à contrecarrer les attaques, est dû à de nombreuses raisons ; bien qu’ébranlée, l’hégémonie de la politique bourgeoise et de la bureaucratie syndicale sur les mouvements ouvrier et populaire reste en place. Cela en conjonction avec la défaillance stratégique et politique de la gauche réformiste, à savoir SYRIZA et le KKE.

Cette situation met au premier plan le besoin d’une perspective anticapitaliste et révolutionnaire, d’un rétablissement stratégique de la gauche, et d’une reconstruction sur des bases de classe des mouvements ouvrier et populaire pour vaincre les attaques. L’hégémonie bourgeoise et bureaucratique chancelante qui n’est pas évidente dans les syndicats, de même que les grandes expériences des luttes de 2010 – 2012, fournissent de nouvelles possibilités qualitatives dans cette direction.

 

4 – Depuis le milieu de 2012, la lutte des classes rencontre de nouvelles difficultés en termes de développement de masse des luttes populaires et des travailleurs ; elles sont dues, d’une part, à la formation de la coalition « NOUVELLE DEMOCRATIE – PASOK - DIMAR », réponse temporaire à la question de l’instabilité gouvernementale et, d’autre part, aux mesures réactionnaires imposées, à la pression du chômage et de la pauvreté. Le capital, utilisant comme véhicule le gouvernement de Samaras, accepte d’ignorer l’humiliation infligée par la Troïka (UE-BCE-FMI) sous hégémonie allemande dans le but de réussir, avec  son aide, une reconstruction d’ensemble du capitalisme grec. Et cela dans l’espoir d’attirer des investissements massifs et de parvenir à un prompt rétablissement  fondé sur une exploitation « médiévale » du travail et sur une misère répandue dans tout le peuple.

Cette orientation renforce la tendance à imposer un régime d’urgence, antidémocratique et autoritaire, de totalitarisme parlementaire, revenant sur les libertés populaires et ouvrières, utilisant ouvertement la violence contre le mouvement des masses et la gauche, de même que le recours systématique à la technique de « social automation »(1).

Dans ce contexte, le capital utilise la menace fasciste et le racisme comme arme terroriste et protège et soutient le parti néo-nazi, Aube Dorée. La posture agressive de la Nouvelle Démocratie autour du soi-disant « projet de loi antiraciste » confirme qu’une tendance politique réactive agressive est dominante dans les cercles du capital. Ce changement vers une position agressive et extrêmement réactionnaire représente un danger majeur et un défi pour la classe ouvrière et la gauche.

 

 

 

(1)            Note du traducteur : technique utilisant internet et les réseaux sociaux pour connaître les « aspirations » de la population, à des fins commerciales.

 

 

5 – Simultanément, toutes les possibilités sont envisagées, en mettant la pression sur la direction de SYRIZA dans le sens d’une pleine intégration dans le système, avec pour but de continuer la même politique, y compris dans une version plus douce, de la transformer en puissance « responsable » et d’ouvrir des voies au dialogue, en la reconnaissant comme un interlocuteur valable.

Cette tendance est encore renforcée par le choix de la direction de SYRIZA d’aborder la crise sur un mode « managérial », dans les limites de l’UE et du capital. Sur la base de ce qui est écrit plus haut, il ne devrait plus exister aucune illusion sur le fait qu’un quelconque « gouvernement de salut public avec SYRIZA » pourrait déboucher sur une politique qualitativement différente, anti-mémorandum, de rupture et de subversion, pour le peuple.

Par ailleurs, le parti communiste, en dépit de sa rhétorique anticapitaliste et même révolutionnaire, est stratégiquement inadéquat pour faire face aussi bien à la politique réactionnaire qu’à celle de l’intégration ; sa ligne conduit, en fin de compte, à la défaite. ANTARSYA, de toute manière, maintiendra sa tactique d’unité, aussi bien vis-à-vis de SYRIZA que du KKE, sa méthode de discussion ouverte et de débat fraternel pour la construction d’un mouvement global, d’action commune et d’unité des forces de classe, particulièrement au sein du mouvement ouvrier.

 

6 – ANTARSYA pense que l’instabilité politique, la crise politique, ces éléments d’une crise d’hégémonie, réapparaîtront avec plus d’acuité, sous de nouvelles formes, dans le cadre complexe des relations entre la crise et les luttes de masse. Les luttes sectorielles, les actions, les luttes et résistances populaires récentes (Métro, OLME , MEVGAL, SKOURIES etc…) (2), en dépit de leurs faiblesses, suggèrent que les mouvements ouvrier et populaire constituent des voies de recherche pour briser la violence et la terreur, pour acculer le capital et le gouvernement à une première défaite, pour tracer le chemin conduisant vers un échec de l’intrusion brutale du « mémorandum ». Dans la dynamique des interactions, et malgré quelques moments critiques dans la lutte des classes, nous constatons le développement d’une tendance, relevée par la 1ère Conférence d’ANTARSYA, vers « une période historique caractérisée par de multiples explosions sociales, des soulèvements populaires inattendus et même des évènements révolutionnaires ». Cette tendance n’est certainement pas linéaire, ni ne chevauche les cycles de la crise économique. Elle crée, toutefois, les conditions à moyen terme pour l’ouverture d’une situation révolutionnaire dans n’importe quel pays, même dans les pays capitalistes développés, par une interaction transnationale et ce, particulièrement, dans notre pays. Cette tendance sera confirmée par le capital, à travers l’intensification de l’attaque contre-révolutionnaire.

 

 

 
 

 

 

(2)            Note du traducteur

OLME : syndicat des enseignants

MEVGAL : usine de production de lait dont les salariés se sont solidarisés avec les travailleurs des aciéries et leur ont fourni du lait

SKOURIES : mines d’or

ANTARSYA, la gauche anticapitaliste, révolutionnaire et communiste, la gauche subversive et les mouvements enracinés dans la classe ouvrière doivent se préparer théoriquement, politiquement et tactiquement, de manière à capitaliser par rapport aux évènements à venir, en vue d’une subversion anticapitaliste de l’attaque et de manière à ouvrir la voie pour un processus révolutionnaire.

7 – La profonde crise structurelle que connaît le capitalisme reste d’actualité et va connaître de nouvelles complications, même s’il fera peut-être l’objet d’un rétablissement provisoire, non maîtrisé et atone. Cependant, la crise structurelle du capital peut être, par la suite, résolue, soit à travers la destruction brutale du capital sur-accumulé et une totale reconstruction du système sur de nouvelles bases, soit à travers une expropriation révolutionnaire violente pour dépasser le capitalisme et abolir les relations capitalistes, vers un socialisme-communisme de notre temps, seule perspective capable de sauver le peuple de la barbarie.

Ces « 2 perspectives » ouvrent une nouvelle ère de la lutte des classes. Elles conduisent à un niveau de conflit plus élevé entre le travail et le capital, à une nouvelle reprise des révolutions pour le socialisme et le communisme, à une confrontation avec la question du pouvoir et du gouvernement des travailleurs et des alliés de la classe ouvrière. La classe ouvrière contemporaine, les travailleur(euse)s de notre temps, sont non seulement sujets à une plus grande exploitation et précarité, mais ils (elles) ont surtout la connaissance nécessaire et les possibilités pour mettre en place une nouvelle organisation de la production et de la société dont ils auront la charge.

ANTARSYA s’engage dans cette perspective.

 

B-     Le projet politique et le programme d’ANTARSYA

8 – Dans la période historique actuelle, l’objectif central d’ANTARSYA est la subversion anticapitaliste de l’attaque menée par le capital et de ses gouvernements, l’UE et le FMI, au moyen de l’indispensable programme de transition anticapitaliste. Le renversement anticapitaliste sera imposé par un front militant de rupture et de subversion, avec un mouvement ouvrier reconstitué en position centrale d’hégémonie au sein d’un front politique puissant des anticapitalistes, anti - impérialistes, anti - UE et gauche subversive et sous l’effet d’une puissante insurrection populaire des travailleurs.

La subversion anticapitaliste contre l’attaque du capital ouvrira la voie à la révolution, à la revendication et à la saisie du pouvoir et du gouvernement par les forces combattantes des travailleurs et du mouvement populaire, à l’affrontement et, en fin de compte, à la destruction de l’état bourgeois.

 

9 – Les éléments décisifs d’une telle trajectoire sont la persévérance et l’émergence du nécessaire programme de transition anticapitaliste. C’est un programme pour la survie et l’amélioration substantielle de la vie économique et sociale des travailleurs et du peuple en général qui est indissolublement liée à la lutte pour l’annulation de la dette, la sortie de l’euro et de l’Union Européenne, le contrôle ouvrier, les nationalisations, l’arrêt unilatéral de tous les mémorandums, des plans à moyen terme et des contrats d’emprunt ; un programme qui défend l’emploi et la capacité de production collective de la société, à l’encontre des lois du marché et de la politique de l’UE. Ce programme rejoint les intérêts immédiats et vitaux des masses. Il se combine étroitement avec la lutte pour la vie de la classe ouvrière et du peuple, avec la perspective révolutionnaire, ouvrant la voie à la transformation socialiste-communiste de la société grecque. Il est absolument certain que si nous mettons en relations les forces et la combativité du peuple, il  nous est possible de vivre, de produire et de survivre, il nous est possible de disposer d’énergie et d’infrastructures, il nous est possible d’accéder à la santé, à l’éducation, à la sécurité, à la justice et à la qualité de vie, sans euro et sans UE, sans dette, au-dessus et au-delà de la logique du marché ; avec des éléments d’une démocratie réelle, en opposition à une transformation autoritaire et réactionnaire du système politique.

 

10 – Ce programme est anticapitaliste puisqu’il rompt avec les forces du capital et les lois du système, la logique imposée par la nature de la crise. Il est anti-impérialiste dans la mesure où il se situe en opposition aux forces et organisations  impérialistes et met  en lumière leur rôle de classe et leur alliance avec l’oligarchie. Il est démocratique parce qu’il intègre à la fois les droits démocratiques modernes des travailleurs et la lutte anti - fasciste.  Il vise à unifier, à travers la lutte politique, la classe ouvrière fragmentée, et à construire, sous son hégémonie, l’alliance avec les autres couches populaires et exploitées, détruites par l’attaque du grand capitalisme et des monopoles multinationaux. Il n’entre pas dans ses intentions d’établir une « alliance » avec les couches non monopolistes de la bourgeoisie.

 

11- Les principaux axes de lutte de ce programme sont :

  • L’arrêt unilatéral des mémorandums, pour l’amélioration immédiate de la situation de la classe ouvrière et des couches opprimées, sur la base de l’abolition de toutes les lois découlant du mémorandum concernant les revenus, les pensions, les marchés publics et ce, en ne perdant pas de vue les futures améliorations.
  • Le renversement du gouvernement de coalition ND – PASOK - DIMAR et de tout gouvernement prenant en compte les mémorandums et/ou ne faisant que « manager » l’attaque du capital.
  • L’élimination de la Troïka, UE-BCE-FMI et de tous les mécanismes associés de l’UE, pour la conquête et l’expansion de la souveraineté des travailleurs et du droit du peuple à décider de son sort.
  • L’annulation de la dette avec cessation immédiate des remboursements aux créditeurs.
  • La nationalisation des banques et des grandes entreprises, y compris celles qui ferment et licencient, sous contrôle des travailleurs et sans indemnités.
  • La sortie de l’euro et de l’UE, qu’ANTARSYA met en avant en tant que revendication anticapitaliste, sur une orientation internationaliste.
  • Le balayage de la politique antidémocratique de violence, de répression et d’état d’urgence à travers des conquêtes démocratiques réalisées au profit des travailleurs et du peuple.
  • La lutte contre la menace fasciste et le racisme, pour la défense, la légalisation et la naturalisation des enfants d’immigrés ; la défense des droits des immigrés comme partie intégrante de la classe ouvrière.
  • La sortie de l’OTAN, la fermeture des bases militaires, la condamnation et le refus de participer aux campagnes impérialistes au niveau mondial et actuellement en Syrie ;

L’affrontement à la menace d’une guerre impérialiste dans notre région ;la dissolution de l’axe Grèce-Israël.

  • La défense d’un potentiel de production collective destiné à maintenir les entreprises ouvertes et les usines en activité sous le contrôle des travailleurs. La défense des petits paysans pauvres pour qu’ils puissent cultiver leurs terres. Le soutien pour la survie des travailleurs en autogestion et de leurs organisations coopératives
  • La défense et l’extension des droits sociaux et politiques des femmes et des populations discriminées en raison de leur orientation sexuelle.
  • La défense de la nature et de l’environnement contre le saccage généralisé perpétré par le capital.

 

12 – Par-dessus-tout, le programme de transition anticapitaliste d’ANTARSYA ouvre la voie à la lutte des masses ouvrières et des mouvements populaires. Il s’affronte à l’hégémonie et à la domination politique de la bourgeoise et recherche directement des changements matériels dans les relations de pouvoir, devenant ainsi un repère pour l’action et pour les conquêtes ouvrières.

La lutte pour la mise en œuvre de ce programme démontrera que la libération définitive de l’exploitation et de l’oppression ne peut être que la conséquence d’un processus révolutionnaire et du pouvoir des travailleurs eux-mêmes.

Sur la base de ce qui précède, il s’agit clairement d’un programme de « transition » vers la révolution, le socialisme et, en fin de compte, le communisme ; un programme qui réunit différentes forces et établit un pont entre le mouvement actuel et son futur.

 

13 – Sur la base d’un tel programme, un mouvement puissant et politisé de la classe ouvrière et du peuple peut briser le gouvernement et les mémorandums, « démanteler » les acquis de la bourgeoisie qui en sont issus, restaurer et étendre les droits de la classe ouvrière. Une telle orientation exige un nouveau cycle de luttes massives et décisives ; elle exige une  « guerre populaire prolongée » et diversifiée.

A contrario, s’opposer au gouvernement en termes de « résistance parlementaire » conduit à la défaite.

 

 

 

 

14 – A travers le processus de la lutte des classes et de l’insurrection populaire, le peuple s’organisera en construisant, dans le mouvement, ses propres institutions sur la base de la démocratie ouvrière, au sein des syndicats et en généralisant des formes de coordination qui rompent avec la bureaucratie syndicale ;  en tenant des assemblées générales dans les banlieues et en généralisant les pratiques de solidarité avec le mouvement ; en déployant des formes d’auto - défense populaire ici et maintenant ; en luttant contre la menace fasciste et l’escalade de la répression.

 

15 – Ce programme, dans son intégralité, sera mis en pratique par le gouvernement et le pouvoir politique de la classe ouvrière et de ses alliés dans les couches populaires. Revendiquer « le pouvoir aux travailleurs » exige :

Premièrement, un programme de transition anticapitaliste qui prenne position sur les questions de base telles que le retrait de l’euro et de l’UE, l’abandon de la dette, les nationalisations etc… rompant ainsi avec les « acquis » et la « légalité » communautaires,

Deuxièmement, une réelle confrontation avec les mécanismes répressifs et le pouvoir du capital, combinée avec des formes de lutte extraparlementaires et parlementaires.

Troisièmement, un mouvement vigoureux et enraciné, avec des contre-pouvoirs populaires, des formes de solidarité populaire, d’auto-organisation et de self-défense.

 

Les travailleurs ne peuvent accéder à aucun pouvoir sans pratiquer toutes les formes de lutte grâce auxquelles le peuple organisé matérialisera le programme de transition. C’est pourquoi nous insistons sur le fait que, dans tous les cas, la possibilité d’un renversement révolutionnaire passe nécessairement par la mise en place de formes indépendantes de lutte pour le pouvoir ouvrier, formes qui sont rivales de l’état bourgeois et extérieur à lui.

Sinon, le risque d’intégration et de défaite demeure ouvert.

 

 

C-     Le Front militant pour la rupture et l’insurrection

 

16 – Aussi bien la situation actuelle que les expériences antérieures appellent à une amélioration décisive de la ligne politique du front militant pour la rupture et l’insurrection (AMPA) plaçant comme objectif central la reconstitution d’un mouvement des travailleurs sur des bases de classe, en lien avec et inspiré par le programme de transition anticapitaliste. L’objectif est d’établir une alliance sociale des masses populaires en lutte, avec l’hégémonie de la classe ouvrière et une politique subversive. C’est la seule alliance qui permette de faire face au gouvernement et à ses attaques, la seule qui permette de gagner et de renverser le cours de l’histoire.

 

17 – La reconstruction sur des bases de classe du mouvement des travailleurs comme objectif central de l’AMPA suppose :

  • La création d’une coordination unifiée et massive des syndicats de base, des associations militantes et des comités de lutte qui constituera un réel point de référence au sein du mouvement syndical ; des syndicats qui vont se heurter à la bureaucratie syndicale et la vaincre au sein des fédérations de la GSEE(3) –ADEDY(4) et des associations.
  • Un effort conséquent et organisé pour reconstruire les syndicats, à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé, et pour en créer de nouveaux, particulièrement dans le secteur privé.
  • Le renforcement et la coordination de la formation politique de classe des syndicalistes afin qu’ils oeuvrent au regroupement de toutes les forces opposées au syndicalisme « managérial », le but étant la reconstruction du mouvement syndical.
  • La consolidation des initiatives politiques qui vont permettre au mouvement ouvrier de renforcer son rôle politique en tant qu’organisateur et acteur des plus larges mobilisations revendicatives dans les batailles à venir.

 

18 – L’AMPA sera renforcée en faisant porter nos efforts sur :

 

  • La construction simultanée d’un mouvement des travailleurs privés d’emploi, avec des comités locaux dans toutes les banlieues et régions ; un mouvement qui soit lié au mouvement ouvrier et aux syndicats.
  • La construction d’un front ouvrier et populaire de lutte pour les libertés et les droits démocratiques qui soutienne l’activité du KEEDE (5).
  • La construction d’un mouvement massif antiraciste et antifasciste avec la participation et la coopération d’ANTARSYA et de KEERFA (6) pour l’action d’un front unifié au niveau des banlieues, avec des comités antifascistes coordonnés en termes de « mouvement » et non pas dans la logique de « l’Arc Constitutionnel » (7).
  • La construction de structures d’auto-organisation populaire de solidarité, pour la désobéissance vis-à-vis de l’imposition, pour l’autodéfense dans les banlieues et les villes, sur une orientation de classe.
  • La construction d’un mouvement de masse de la jeunesse militante sur une orientation subversive, en relation avec le mouvement de la classe ouvrière.
  • La construction de nombreux fronts de défense des services publics (santé, éducation, eau, énergie, transports etc…), contre les privatisations et la vente massive de la propriété publique.
  • La lutte pour défendre l’environnement et la ville contre les investissements du capital prédateur.

 

 

 
 

 

 

Notes du traducteur :

 

(3) GSEE : organisation syndicale du secteur privé.

(4) ADEDY : organisation syndicale du secteur public.

(5) KEEDE : organisation luttant pour les libertés démocratiques.

(6) KEERFA : mouvement « Unis contre le fascisme et la menace raciste».

(7) ARC CONSTITUTIONNEL : Alliance de partis réactionnaires.

 

 

 

 

19 – Dans le but de construire un front militant pour la rupture et la subversion, nous appelons tous les courants politiques participant à la lutte et toutes les forces de gauche, sur leurs bases et sous leur responsabilité, à se joindre à l’action de masse sur tous les fronts existants ; et ce dans un cadre égalitaire et de respect des opinions, fondé sur la réalisation des objectifs du mouvement. L’action commune de la gauche, particulièrement celle des forces militantes, sans tenir compte de l’organisation à laquelle elles appartiennent, est un prérequis primordial pour le développement d’un mouvement de rupture.

 

 

D-    Le pôle de la gauche anticapitaliste, révolutionnaire et subversive et le front politique des forces de subversion

 

20 – L’aspiration d’ANTARSYA est de rallier massivement le plus large éventail possible de forces pour la création d’un pôle et d’un front politique de la gauche anticapitaliste et révolutionnaire et de toutes les forces de subversion, sur la base d’un programme de transition anticapitaliste. Ce pôle et ce front politique de masse sont objectivement nécessaires à la création d’un front militant de rupture et de subversion et à la reconstruction du mouvement de la classe ouvrière.

 

21 – « Le rassemblement politique d’un front des forces de rupture », la collaboration des forces de la gauche anticapitaliste, anti - UE, anti - impérialiste et radicale constitue un pas en avant immédiat dans cette direction. Ces forces sont d’abord les hommes et les femmes qui militent politiquement dans les différents mouvements, tous ceux qui se battent à l’intérieur de la gauche, les « avant-gardes naturelles » qui sont nées de la lutte des classes et qui ressentent de plus en plus la distance entre les nécessités de la lutte et les orientations inadéquates de la gauche réformiste. Ce sont des militants de base de la gauche, des forces orientées vers la défaite de la politique du capital et de l’UE grâce à une intervention de classe dans le mouvement ouvrier. Ce sont des forces qui font référence au communisme ; des forces qui articulent de façon déterminée les résultats de la lutte contre l’euro et l’UE et contre le plan B, avec la construction d’un Front de Solidarité et de Subversion. Il existe des organisations de la gauche révolutionnaire et anti-impérialiste telles que le KOA (1) et l’EEK (2) ; il existe des courants de la gauche qui se démarquent des divers courants « patriotiques » interclassistes et apolitiques qui participent à la lutte anti - mémorandum. Nous nous unissons à toutes ces forces  sur les bases suivantes : accentuation de l’escalade dans les luttes ;  recherche d’un programme moderne de transition anticapitaliste ; persévérance sur la question du retrait de l’Euro et de l’UE ; question du pouvoir posée en termes de rupture et non de management.

 

 
 

 

 

Notes du traducteur :

(8) KOA : « Organisation du Parti d’Athènes »

(9) EEK : Organisation trotskiste grecque

 

Notre évaluation est qu’il y a des possibilités aujourd’hui pour un tel rassemblement. ANTARSYA mise sur les opportunités d’une extension la plus large et nous invitons les autres forces à faire de même. Au bout du compte, chacun sera jugé sur son apport substantiel à cet effort.

22 – Une telle concentration de pouvoir sous forme de front est fondée sur l’indispensable programme de transition anticapitaliste d’aujourd’hui. Plus précisément : le retrait unilatéral des mémorandums et des autres contrats d’emprunt. Le refus de payer - l’annulation de la dette. L’éviction de la Troïka et de tout autre tuteur. La sortie de l’euro et de l’UE mais aussi de l’OTAN. La nationalisation du système bancaire et des entreprises stratégiques, sans indemnités ni rachat. Le contrôle ouvrier et populaire sur la production et sur toute la société. La lutte pour une démocratie réelle, la souveraineté populaire des travailleurs et la libération des chaînes du totalitarisme capitaliste moderne. La défense de la vie des travailleurs, le soutien dans leur lutte pour la survie et l’amélioration de leur position contre la dictature des mémorandums, des profits et de la compétitivité ; le renversement du gouvernement et de sa politique et de tout gouvernement qui mettrait en application une politique antipopulaire. L’intensification de la lutte dans une logique anti-managériale. La propagande sur le fait qu’il n’y a pas de place pour un gouvernement « populiste » dans le contexte de l’euro, de l’UE et du système et l’insistance sur la nécessité de changements révolutionnaires avec pour but un socialisme moderne.

 

23 – Dans ce but et sur la base du contenu qui a été développé plus haut, ANTARSYA s’engage totalement et prend les initiatives pour s’adresser aux forces et aux militants cités plus haut. Ensemble, avec ces forces et militants d’accord avec l’orientation définie dans le paragraphe précédent, nous agissons directement pour unir des forces politiques pour la rupture et l’intervention conjointe dans les principales batailles politiques et sociales.

Chaque force maintient son indépendance et ceci s’applique non seulement aux forces organisées, mais aussi aux militants indépendants ; nous voulons que ce rapport entre les forces rassemblées soit largement débattu à tous les niveaux et ne devienne pas seulement un argument de direction et de « communication avec les media ».

 

Ici et maintenant, ANTARSYA propose une intervention politique commune sur les 4 points suivants :

  1. La bataille pour la sortie de l’euro et de l’UE,
  2. Contre la mobilisation civile (conscription) et plus généralement pour les libertés démocratiques des travailleurs et du peuple,
  3. Pour la création d’une grande coordination unifiée des travailleurs et, plus généralement, pour la reconstruction du mouvement ouvrier sur des bases de classe,
  4. La lutte contre la menace fasciste et le racisme et pour la régularisation et la défense des immigrants, comme partie intégrante de la classe ouvrière.

 

24 – Une politique de front exige l’indépendance et le renforcement d’ANTARSYA en tant que front de la gauche anticapitaliste, révolutionnaire et communiste, pour l’hégémonie du programme de transition anticapitaliste.  Cela  implique qu’ANTARSYA ne se dilue pas et encore moins que lui soit substitué un front uni des forces pour la rupture.

E-     Pour le renforcement de la construction d’ANTARSYA, programmatique, organisationnel et en tant que front

 

25 – L’existence d’ANTARSYA comme force indépendante et cohérente, comme pôle visible au sein de la gauche est particulièrement importante. ANTARSYA doit devenir  aujourd’hui un pionnier de la gauche anticapitaliste qui fonctionne démocratiquement, qui utilise une stratégie révolutionnaire moderne, qui approfondit la lutte anticapitaliste, en lien avec une perspective socialiste et communiste moderne.

 

Sur cette base, ANTARSYA :

-       Prend les initiatives pour un débat théorique et politique sérieux sur la question de la relation entre l’état, la révolution, le pouvoir et le gouvernement dans la nouvelle période de la lutte des classes,

-       Met en place un plan de promotion militante indépendante, de sa politique globale et de sa politique de front,

-       Organise les étapes nécessaires à une construction, une intégration et une intervention plus approfondies, en particulier au sein du mouvement ouvrier, mais aussi sur les autres fronts tels que ceux de la démocratie, de l’anti - fascisme, de l’anti - racisme, de l’anti - UE, de l’environnement etc…

-       Organise la mise en place de nouveaux comités et l’amélioration de l’action politique et démocratique de tous les comités, particulièrement sectoriels, pour approfondir les liens politiques avec la classe ouvrière et les couches populaires,

-       Augmente qualitativement son caractère démocratique de front pour une ANTARSYA des forces organisées et des militants politiques indépendants, pour une ANTARSYA de combattants et de penseurs.