Publié le Lundi 1 avril 2024 à 12h00.

Retour sur la journée de la Terre en Palestine

Le 30 mars 1976, de Galilée et du Néguev, les PalestinienNEs en grève ont manifesté contre le vol de leurs terres. L’armée israélienne a alors tiré, tuant six manifestants et blessant plusieurs centaines d’autres. Depuis, chaque 30 mars, les PalestinienNEs de Cisjordanie, de Gaza, de Jérusalem, d’Israël, des camps de réfugiéEs et de la diaspora se mobilisent contre cet État colonial qui vole leurs terres, détruit les infrastructures, leurs communautés, leur culture, leur histoire.

Partout un mouvement solidaire et populaire se mobilise avec elleux. Cette année, nous avions évidemment encore plus de raisons de manifester notre soutien. La colonisation a explosé : 144 avant-postes de colons-pionniers ont été créés sur des terres palestiniennes, 146 colonies nouvelles ou agrandies ont vu le jour, arrachées par l’armée à leurs légitimes propriétaires, soit aujourd’hui 710 000 colons en Cisjordanie et à Jérusalem1. À Gaza, Netanyahou conduit une politique génocidaire, dénoncée par les plus hautes instances internationales.

« Finir le travail » dixit Netanyahou

En 2002, déjà, Effi Eitam, chef du parti national religieux et dirigeant du mémorial Yad Vashem déclarait au moment de son entrée au gouvernement d’Ariel Sharon : « il faut rendre très clair aux Palestiniens qu’aucune souveraineté autre qu’israélienne n’existera jamais entre la mer et le Jourdain »2. Pour une terre prétendument sans peuple, cela fait beaucoup d’attaques israéliennes et de résistances palestiniennes sur ce petit territoire depuis 1947 ! L’entreprise génocidaire actuelle tente de finir l’épuration ethnique commencée avec la Nakba en 1948, quand 700 000 PalestienienNEs ont été expulsés de leurs terres. Dans les faits, elle n’a jamais cessé jusqu’à aujourd’hui où Gaza doit être « libérée » de ses habitantEs, c’est à dire tuéEs ou expulséEs ! À ce jour et depuis octobre 2023, un million de GazaouiEs ont été déplacéEs, 32 000 tuéEs, 78 000 blesséEs, et 10 000 sont portéEs disparues. Gaza est un vaste cimetière et une immense friche.

Arracher un cessez-le-feu définitif !

Face au scandale des souffrances imposées aux PalestinienNEs privés de tout ce qui est indispensable ne serait-ce qu’à la survie, l’eau, les soins, les vivres, le logement, il faut renforcer nos solidarités car Netanyahou et son armée ne cesseront leurs massacres que sous la pression des peuples en Palestine, en Israël, dans les régions périphériques, ainsi que dans les États impérialistes. Tout en exigeant l’application du droit au retour et la libération de toutEs les prisonnierEs, il y a urgence à gagner un cessez-le-feu immédiat et total, le risque de disparition du peuple palestinien sur sa propre terre est bien là. Les colonies de peuplement ont souvent abouti à la destruction brutale des peuples autochtones, ou plus lente, dans les réserves et les camps, lors de génocides passés, notamment aux États-Unis, en Australie, au Canada. En France, concrètement, nous devons intensifier le boycott des produits israéliens (les dattes, les avocats, les oranges…) et des entreprises qui s’installent et s’enrichissent en Israël. Obtenir de notre propre impérialisme un désinvestissement total militaire, sécuritaire, industriel, culturel et sportif (les Jeux Olympiques) ne sera pas facile mais de nombreuses actions s’engagent aujourd’hui dans différentes villes. Enfin, obtenir des sanctions politiques et financières contre l’État d’Israël, notamment par la suppression du droit d’association avec l’UE.

Roseline Vachetta

  • 1. B’Tselem.
  • 2. Effi Eitam, « J'entre au gouvernement pour qu'Ariel Sharon ne s'arrête pas au milieu du gué », Le Monde, 7 avril 2002.