Aucun des deux grands partis n’a obtenu la majorité aux élections législatives. La bataille urgente est l’adoption d’une nouvelle loi électorale et la mobilisation contre les plans d’austérité. Les libéraux-démocrates (lib-dems) n’ont obtenu que 25 % des voix (10 % des sièges) et le Royaume-Uni se retrouve avec un Parlement sans majorité pour la première fois depuis 30 ans. Les trois partis avaient tous un plan d’austérité dans leur programme. Quel que soit le nouveau gouvernement qui émergera des négociations en cours, les travailleurs doivent donc se préparer à mener le combat. Les lib-dems, en position d’arbitre, ont l’occasion unique, depuis plusieurs générations, de faire modifier le scandaleux système électoral uninominal majoritaire à un tour qui garantit le pouvoir aux deux grands partis, au grand mépris du vote des électeurs. S’ils ne la saisissent pas, ils seront de nouveau mis pour longtemps aux oubliettes. Le dirigeant des lib-dems, Nick Clegg, a négocié avec les conservateurs pour obtenir une réforme électorale en échange d’un soutien. C’est un jeu très dangereux car rien n’arrêtera les conservateurs dès qu’ils auront réussi à revenir au pouvoir. Ils feront un compromis non sincère avec les lib-dems et essaieront de se débarrasser d’eux au plus vite à l’occasion d’élections anticipées. Ils feront ensuite tout pour revenir à l’ancien système électoral dont ils ont profité pendant la plus grande partie du xxe siècle. Leur priorité est aussi de mettre en œuvre rapidement des coupes budgétaires qui vont coûter des millions d’emplois. Les conséquences seront désastreuses, certes pour la classe ouvrière, mais aussi pour les lib-dems s’ils s’y associent. L’autre possibilité pour les lib-dems est de s’allier au New Labour et aux partis nationalistes (Écosse, Pays-de-Galles). Ensemble, ils ont obtenu 14 millions de voix contre 10 millions pour les conservateurs. Les lib-dems sont plus proches du New Labour que des conservateurs et le New Labour leur a déjà proposé un changement rapide de la loi électorale appuyé par référendum et même la démission de Gordon Brown. Sans appeler à une telle coalition, on ne peut être indifférent au fait que les lib-dems s’allient aux conservateurs ou contre eux. En effet, une coalition entre lib-dems et travaillistes constituera une menace moins immédiate et durable que le retour au pouvoir des conservateurs, même au travers d’une coalition ou d’un gouvernement minoritaire. Les travaillistes et les lib-dems ne représentent pas les intérêts de la classe ouvrière, ils sont plutôt le deuxième choix de la classe dominante qui n’a pas pu imposer les conservateurs. Si une telle coalition se mettait en place, elle subirait la pression des marchés internationaux et des médias tenus par les conservateurs pour appliquer les coupes budgétaires qu’ils ont prévues. C’est pour cela qu’il est très important de mobiliser dans les organisations syndicales, dont la majorité est restée passive face à l’austérité, pour réagir à toutes les privatisations de services publics et aux restrictions budgétaires. Les déficits budgétaires créés par la crise bancaire doivent être comblés par l’annulation des dépenses inutiles comme les missiles nucléaires Trident, les guerres comme celle d’Afghanistan, la création de cartes d’identité, etc., accompagnée d’une énergique taxation des grosses entreprises, des banques et des riches. Il ne faut pas laisser la bataille pour une loi électorale à représentation proportionnelle aux mains des lib-dems mais construire un large mouvement de masse avec le mouvement ouvrier sur cette question fondamentale. Alan Thornett. Traduction Jacques Radcliff