Pauvre garçon ! Né une cuillère d’argent dans la bouche, et une couronne de Damoclès au dessus de la tête, George Alexander Louis, à l’aube de sa vie, n’en a déjà plus rien à attendre. De sa royale sinécure, à l’abri des réalités sociales, entouré de larbins et de courtisans, il perpétuera les charmes désuets d’une monarchie d’un autre âge...Alors, un conseil, dès que tu le pourras, cours, camarade George, taille la route... Le vieux monde est derrière toi... Deviens hippie ou gauchiste, mais fuis cet antre maléfique !Aura-t-il les yeux de Diana ou les oreilles du prince Charles ? Notre intérêt et notre compassion s’émoussent déjà, comme celle de nombreux Britanniques dont les médias nous parlent peu, et qui sont légitimement scandalisés par les frasques et la gabegie auxquelles se livre la famille royale. Laissons aux tabloïds et aux marchands de « rêves » leur misérable gagne-pain, et voyons combien la royale plaisanterie va coûter aux contribuables anglais. Le prix de l’accouchement de la délicate Kate, dans une chambre (équipée d’un coffre-fort nous dit-on...) de Saint Mary Hospital, s’élève à 11 000 euros...
Royal de luxeMais ce ne n’est là que broutille et anecdote, comparé à la démesure de la résidence qui est offerte par l’État à son auguste fils afin qu’il puisse y épanouir sa royale personnalité. Estimant sans doute qu’il serait trop à l’étroit au palais de Buckingham, il lui est attribué, au Kensington Palace en plein centre de Londres, une résidence de 20 pièces, avec un grand jardin — entouré de murs — pour lui tout seul. Le seul prix de la restauration des bâtiments s’élève à un million de livres sterling (soit 1,1 million d'euros). Ses parents prendront prochainement leurs quartiers d’été dans un pied-à-terre récemment acquis comportant (entre autres) une dizaine de chambres dans la banlieue huppée de la capitale. Ajoutons que officiellement, les frais de fonctionnement annuels de la famille royale s’élevaient, avant la naissance du petit dernier, à 46 millions d’euros.Toute cette indécente débauche d’argent est une insulte pour les trois millions de travailleurs britanniques classés en « état de pauvreté absolue ». Alors, au lieu de nous rebattre les oreilles avec la saga des Windsor, que l’on nous parle de la vie réelle, par exemple la mobilisation qui s’amplifie dans tout le pays contre la « bedroom tax », véritable projet de taxe d’habitation contre les pauvres.À ce jour, le meilleur « hommage » qui ait été rendu à la famille royale est sans conteste celui des Sex Pistols, qui en juin 1977, en pleine célébration du Jubilé de la reine, avaient donné un insolent et subversif concert sur une péniche dérivant sur la Tamise aux accents d’un « God save the queen » judicieusement revisité. Comme c’était prévisible, l’aventure se terminera au poste de police, mais laisse, jusqu’à aujourd’hui, un sentiment d’inachevé. La nostalgie camarades !
De Buckingham, Alain Pojolat