Le 28 décembre, les autorités russes ont dissous l’ONG historique Memorial. Nous reproduisons le communiqué d’Amnesty International publié à cette occasion.
En liquidant l’ONG Memorial et son Centre de défense de droits humains, les autorités russes poursuivent leur inlassable répression de la société civile.
Fondée en 1989, notamment par le prix Nobel Andreï Sakharov, Memorial International était l’une des organisations de la société civile les plus respectées de Russie. Quant au Centre de défense des droits humains de Memorial, il avait été fondé en 1991. Le cœur de mission de Memorial était de préserver la mémoire des victimes des violations des droits humains durant la période soviétique.
L’ONG a travaillé pour documenter la répression politique et les atrocités perpétrées sous le régime de Joseph Staline et d’autres dirigeants soviétiques. Memorial a compilé la plus grande base de données sur les victimes de persécutions politiques de cette époque.
Les procureurs ont affirmé que Memorial avait violé à plusieurs reprises la loi sur les « agents de l’étranger ». Concrètement, cette loi oblige toute organisation russe bénéficiant de financements en provenance de l’étranger et qui ont des activités pouvant être considérées comme politiques, d’inscrire sur ses publications la mention « agent de l’étranger ». Memorial avait été portée au registre des agents de l’étranger en 2016 et est ainsi accusée d’avoir omis régulièrement d’indiquer cette mention dans ses publications.
En Russie, cette loi est en réalité utilisée comme une arme pour réduire au silence les critiques du Kremlin ainsi que les voix indépendantes.
L’utilisation par les autorités de la loi sur les « agents de l’étranger » pour dissoudre une organisation comme Memorial est une attaque flagrante contre la société civile.
De nombreux journalistes ont été classés « agents de l’étranger » et ainsi empêchés d’exercer leur travail en toute liberté.
Memorial est aussi accusée de « glorifier le terrorisme et l’extrémisme ». Ces fausses accusations sont un prétexte utilisé par les autorités russes pour faire taire toute voix dissidente.
Nous appelons à ce que ces décisions soient annulées dans les plus brefs délais. La Cour européenne des droits de l’homme a déjà demandé à Moscou de suspendre la décision de dissoudre Memorial.
En Russie, les libertés ne cessent de reculer. En fermant Memorial et son organisation sœur, les autorités montrent leur détermination à mettre fin au travail de défense des droits humains en Russie. Plus que jamais, nous continuerons d’alerter sur la situation des droits humains en Russie et de soutenir celles et ceux qui défendent les libertés.