Nicolas Sarkozy s’agite dans tous les sens au sujet du Proche-Orient, mais il ne règle rien. Il soutient, de fait, la politique israélienne.
Le président Sarkozy adore Israël. Il ne se lasse pas de le répéter. Lors de sa visite à Jérusalem, en juin dernier, il s’est bien gardé de visiter Jérusalem-Est, pour ne pas rappeler l’incident avec les forces d’occupation qui avait fait de Chirac un héros aux yeux des Palestiniens, (« I am ze president of France », etc.). Il qualifie Israël de « miracle du xxe siècle », et c’est sans doute pour ne pas gâcher la fête qu’il a longuement rencontré les parents de Gilad Shalit, le soldat israélien fait prisonnier au cours d’une opération militaire du Hamas, mais qu’il a refusé de rencontrer les parents de Salah Hammouri, le jeune Franco-Palestinien condamné à sept ans de prison pour « intention de commettre un attentat » sans aucune preuve à charge.
Mais Nicolas Sarkozy ne peut pas se contenter de soutenir le gouvernement israélien, il veut jouer un rôle personnel dans la partition américano-israélienne de projet de « Grand Moyen-Orient », cher à Bush. Par tous les moyens, il a cherché à être celui qui obtiendrait sinon l’arrêt, du moins le report de l’opération « Plomb durci », l’attaque de Gaza, en recevant la ministre des Affaires étrangères d’Israël, Tzipi Livni, et en annonçant une tournée de « médiation », le 5 janvier. Le déclenchement des massacres, au soir du 3 janvier, a remis les pendules à l’heure : le président français est peut être un grand ami, mais Israël fait ce qu’il veut, quand il veut, d’autant qu’il peut compter sur le soutien sans faille des États-Unis, quelle que soit l’administration élue. D’où, sans doute, le communiqué du Quai d’Orsay, « condamnant » l’attaque de la Bande de Gaza. Il y avait bien longtemps que le gouvernement français se contentait de « déplorer » ou de « regretter » les exactions israéliennes, réservant le terme de « condamnation », qui est très fort en langage diplomatique, aux attentats suicide ou à tout acte de résistance de la part des Palestiniens.
Les pourparlers qui se déroulent au Caire, entre le Hamas et le gouvernement israélien, sous l’égide de l’Égypte et de Sarkozy, n’aboutissent à rien. Comme d’habitude, le gouvernement israélien fait semblant de négocier et gagne du temps, pendant que, sur le terrain, les bombardements s’intensifient et que la « troisième phase », celle de l’invasion terrestre généralisée, est très proche. Dans le cas présent, il suffit de gagner une semaine ou deux, le temps d’assassiner le maximum de résistants mais aussi de civils, dans l’espoir de retourner la population contre le Hamas : sur les ruines de Gaza, il sera temps d’accepter une trêve et le déploiement d’une force internationale, dont le seul rôle sera de museler la résistance palestinienne, et le tour sera joué.
Pour le moment, Sarkozy joue sur du velours au niveau français. Du côté de l’opposition, à part le PCF et la LCR/NPA, c’est silence radio : le PS ignore l’énorme mobilisation populaire de soutien au peuple palestinien, au point que, finalement, un appel séparé a été lancé par des élus municipaux et régionaux pour sauver la face. Mais le déclenchement d’une opération terrestre de grande envergure pourrait bien changer la donne.