Depuis le 19 décembre, le Soudan est le théâtre d’un soulèvement qui ressemble à s’y méprendre à ceux de l’hiver 2010-2011 dans la région Moyen-Orient-Afrique du Nord. Dix jours après le début d’une mobilisation dirigée contre la dictature d’Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 1989, le journaliste soudanais Tarek Cheikh écrivait : « Le mouvement populaire se poursuit et tout indique que la population dans les villes a pris l’initiative et continue de défier le gouvernement. De nombreuses villes ont ainsi vu la population braver l’état d’urgence et le couvre-feu qui y ont été instaurés. L’événement le plus important et le plus significatif s’est sans doute produit le 25 décembre dans la capitale, où tous les quartiers étaient submergés par les masses de manifestants. […] La manifestation a été la plus impressionnante que le pays ait connue depuis le coup d’État d’Omar Al-Bachir en 1989. »
En cause, une situation économique désastreuse, des augmentations de prix, des pénuries… comme l’expliquait une manifestante, la semaine dernière, à Radio France International : « [Les manifestations] ne sont pas juste pour protester contre le prix du pain. Il n’y a pas d’argent dans les banques, pas d’essence dans les stations-service, rien. Il n’y a pas de transports publics, l’inflation est élevée, plus de 200 %. Le prix des médicaments, par exemple, a augmenté de 50 % ces derniers mois ».
Le régime a fait le choix de la répression avec, selon Human Rights Watch, au moins 37 mortEs depuis le 19 décembre, ainsi que de nombreuses arrestations de militantEs et dirigeantEs de l’opposition, ainsi que de journalistes critiques. Une « réponse » qui n’a pour l’instant pas découragé la population, avec la poursuite des manifestations, mais le pire est à craindre de la part d’Omar el-Béchir, toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les SoudanaisEs ont besoin de toute notre solidarité !