Des manifestations massives se poursuivent dans tout le Soudan dans le cadre de la résistance des mouvements révolutionnaires civils au coup d’État militaire qui a eu lieu en octobre 2021.
Le 14 février, 15 villes du Soudan ont participé à une nouvelle « Marche des millions. » À Khartoum, des dizaines de milliers de personnes ont rejoint les marches qui se sont dirigées vers le parlement national. Une semaine plus tard, une autre grande mobilisation, « Break the Chains », a vu des milliers de personnes descendre dans la rue pour demander la libération des prisonniers politiques.
Les Comités de résistance de Khartoum, les organisations révolutionnaires basées dans les quartiers qui dirigent le mouvement, ont publié une charte politique le 28 février, appelant à la formation d’une nouvelle « autorité populaire » opposée au régime issu du coup d’État. Le nouvel organe unifierait les forces révolutionnaires et exclurait tous ceux qui ont pris part au coup d’État d’octobre 2021.
Pendant ce temps, les membres des Comités de résistance de l’État du Nord ont maintenu les barricades sur la principale autoroute traversant l’État, bloquant les camions en provenance et à destination de l’Égypte, un allié majeur du régime du général Abdel Fattah al-Burhan. Le blocus était initialement une réponse à une augmentation prévue des prix de l’électricité.
Intense répression
Les membres du Comité des enseignants soudanais (Sudanese Teachers’ Committee-STC) rapportent que « la situation politique est toujours bouchée et bloquée. Les manifestantEs descendent dans la rue tous les jours. Il y a huit manifestations principales prévues chaque mois, plus d’autres manifestations locales. »
Les militaires ont intensifié leur répression selon les militants du STC : « L’ancien système de renseignement a été réactivé ; leur autorité était limitée dans le dernier gouvernement, et ils ont reçu actuellement les pleins pouvoirs. Ils procèdent à des arrestations massives de militantEs. Ils se présentent en grand nombre, armés de munitions de guerre. Ils pratiquent d’horribles tortures, agressions verbales et violences contre les manifestants et les détenus. Au moins 200 à 300 personnes ont été emprisonnées et 2 000 blessées. Les personnes arrêtées sont gardées dans des lieux inconnus et ne font l’objet d’aucune accusation officielle. »
Le régime militaire soudanais a arrêté plusieurs membres éminents de l’ERC-Empowerment Removal Committee, chargé par le gouvernement de transition de démanteler les structures de l’ancien régime, dont le président de cet organe. En date du 17 février, 110 personnes étaient détenues à la prison de Kober depuis trois jours. Le directeur de la Sudanese Standards Organisation, Sami Bella, aurait été détenu. Entretemps, le rapporteur du HCR (agence de l’ONU pour les réfugiés), Adama Deng, a demandé une enquête rapide et impartiale sur le meurtre et la détention arbitraire de manifestants.
Grèves de la faim
La pression internationale a conduit à la libération d’Amira Osman, qui était détenue depuis 15 jours dans la prison pour femmes d’Omdurman. Elle est maintenant accusée de possession illégale d’armes et de munitions.
Plus de 100 prisonniers politiques, dont Wajdi Saleh, membre éminent de l’ERC, et Khalid Omer Yousif, ancien ministre des Affaires du gouvernement, ont entamé une grève de la faim. Deux autres manifestants, Munther Abdelrahim (18 ans) et Muhammad Ibrahim el Nakhli (17 ans), ont été abattus par les forces de sécurité lors de manifestations.
La crise politique s’accompagne d’une montée de la détresse sociale, selon les militantEs du Comité des enseignants soudanais (STC). « Tous les bureaux gouvernementaux sont fermés en raison des barrages routiers. La situation politique et économique se détériore. Il y a des augmentations massives du coût de la vie et des services tels que le gaz de cuisine. »
Traduction rédaction À l’Encontre.