Le génocide dure depuis un an mais la commémoration médiatique du 7 octobre aura donné lieu le plus souvent à l’énoncé de tous les poncifs habituels.
En résumé, depuis le 7 octobre se déroulerait une « guerre » antiterroriste dont l’enjeu est la survie de l’État d’Israël menacé de destruction par le Hamas, le Hezbollah et leur allié iranien. Bien plus, cette guerre existentielle viserait à sauver la civilisation de la barbarie. Rien de moins. Indécence ? Double standard ? Les mots finissent par manquer. De la barbarie israélienne, il ne fut pas question. Alors que celle-ci est largement documentée et dénoncée au niveau international.
Le cynisme de Macron
La déclaration d’Emmanuel Macron dans un entretien diffusé le 5 octobre a pu sembler spectaculaire : « Je pense qu’aujourd’hui, la priorité, c’est qu’on revienne à une solution politique, qu’on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza. La France n’en livre pas ».
Elle a suscité la colère du gouvernement israélien ! Mais ne change rien à la politique de l’État français de soutien à Israël. D’abord parce qu’elle est fausse. Si la France ne livre pas d’armes en tant que telles, elle exporte bien du matériel militaire vers Israël, matériel sans lequel les armes ne fonctionnent pas. Comme le signale Stop Arming Israël, en 2022 le montant des commandes israéliennes auprès des industriels français s’élevait à 15 millions d’euros. En 2023, ce montant avait doublé pour atteindre 30 millions d’euros. Sans compter que la France apporte une aide militaire à l’interception des missiles iraniens. À la complicité avec le génocide, Macron ajoute donc le cynisme mensonger. Mais que les sionistes se rassurent, après Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier a pris soin de rappeler que « la sécurité d’Israël n’est pas et ne sera jamais négociable » et que l’État d’Israël « se trouve aujourd’hui en situation de légitime défense ».
Les armes au cœur du projet d’Israël et de ses soutiens impérialistes
Les armes sont un sujet qui fâche. Et pour cause ! Elles ne sont en rien liées à la nécessité pour l’État d’Israël de se défendre face aux menaces qui pèseraient sur son existence ; elles sont consubstantielles à son existence même et, avec le nettoyage ethnique, au cœur du projet sioniste. En effet, comment faire accepter l’« anomalie » israélienne — à savoir créer et maintenir un État « ethniquement/religieusement pur » dans un territoire appartenant à un autre peuple qu’il fallait donc éliminer ou a minima exclure ? Par l’entretien d’une puissance destructrice constante.
Yonathan Arfi, président du CRIF, en réponse à Emmanuel Macron l’exprime ainsi : « Si les ennemis d’Israël déposent les armes, aujourd’hui, il y aura la paix. Si en revanche Israël dépose les armes, il n’y a plus d’État d’Israël ». Du « Mur de fer » de Vladimir Jabotinsky en 19231aux récentes déclarations de Netanyahou sur la possibilité pour Israël de frapper n’importe où...
À Gaza et au Liban, Israël utilise des bombes d’une tonne, des instruments de mort qui ne sont plus utilisés depuis la Seconde Guerre mondiale, depuis celle du Vietnam et de Corée. Cet arsenal a été massivement constitué par les alliés d’Israël, ceux-là mêmes qui semblent s’offusquer aujourd’hui, tout en prétendant rester son « ami indéfectible » comme s’est senti obligé de le rappeler Macron ! L’indécente hypocrisie ! Les guerres menées par Israël sont de plus en plus meurtrières. Pour les arrêter, il faut, comme le 5 octobre, intensifier la mobilisation et construire le rapport de forces.
Se mobiliser pour stopper la livraison de tout matériel militaire
Les réactions ulcérées à la déclaration mensongère de Macron montrent la dépendance de l’État d’Israël à l’aide étrangère. Depuis un an, le mouvement de solidarité comme les réactions internationales de l’ONU, de la CIJ (Cour internationale de Justice), de la CPI (Cour pénale internationale) ont élevé le coût politique du soutien au génocide. Macron est forcé de mentir pour en tenir compte, mais ce coût n’est pas encore assez élevé. Faire monter le coût politique du soutien à l’État d’Israël doit être l’objectif du mouvement de solidarité. Avec l’action directe. C’est nous qui pouvons empêcher la livraison d’armes. Comme l’écrit la campagne Stop Arming Israël : « Dans les bureaux, les usines, les ports et les aéroports, organisons-nous pour faire des mensonges de Macron une réalité, et obtenir l’arrêt total de tout commerce d’armement avec Israël. » Chaque Carrefour et chaque BNP doivent avoir leur comité d’agitation pour le boycott. Il y a encore et toujours urgence !
William Donaura
- 1. En novembre 1923, Jabotinsky, fondateur en 1925 du Parti révisionniste, principal parti de la droite sioniste, publie un texte fondamental dans la structuration de sa pensée : le « Mur de fer ». Dans ce texte, Jabotinsky critique la démarche du courant sioniste majoritaire alors à gauche.