Publié le Samedi 13 avril 2013 à 23h29.

Syrie : des femmes marginalisées

Le 2 mars ont eu lieu les élections du Conseil révolutionnaire d’Alep dans le cadre d’une campagne relayée par plusieurs journaux révolutionnaires et chaînes satellitaires et qui a reçu un large soutien des franges révolutionnaires et des structures civiles que le conseil représente. Bien que plusieurs noms de femmes actives sur le terrain aient été proposés, il est frappant de constater l’absence quasi totale de représentation féminine.Des militantes d’Alep disent : « Nous n’allons pas attendre la chute du régime pour renforcer le rôle de la femme ». La « militarisation de la révolution » a joué un rôle dans la diffusion de la pensée machiste. Les femmes ont été notoirement écartées des composantes de la Coalition nationale. La femme syrienne « révolutionnaire » est mère de martyr ou sœur de prisonnier et « sa voix a retenti à côté de l’homme dans les manifestations », « nous sommes surprises » par l’« infime » représentation des femmes et le choix de noms inconnus alors que sont ignorés des noms importants et actifs sur le terrain à Alep !Syma, une jeune universitaire, dit qu’elle n’avait ni connaissance ou expérience de la médecine, mais au vu des besoins médicaux elle a rejoint l'un des hôpitaux de campagne du front. Sa mère avait refusé qu’elle travaille dans le domaine médical en raison de sa « dangerosité » et elle a perdu tout contact avec sa famille. Elle ignore où les siens se sont enfuis après le bombardement de leur domicile. « J’ai l’impression que cet hôpital et ces blessés sont mes frères ». Elle a dû nous quitter après un appel lancé sur l’arrivée de blessés dans un état critique.Quant à Oum Zina, elle a travaillé dans le domaine des médias mais cela ne l’a pas empêchée de s’activer ailleurs. Elle dit qu’elle ne peut pas rester « spectatrice » lorsqu’elle apprend qu’une région souffre de pénurie de médicaments ou de matériel de secours.Révolution et émancipationDans le cadre d’initiatives pour consolider le rôle des femmes, un groupe de jeunes femmes a publié deux numéros de la revue de la femme syrienne libre Jasmin de Syrie et la radio Nasaem Syria a commencé à émettre et à être captée dans la plupart des zones d’Alep. Elle diffuse des programmes culturels et de conscientisation.Par ailleurs, des organisations comme Women Under Siege ont enquêté sur les cas de violences physiques contre les femmes dans les prisons et dans les régions sous le contrôle du régime d’Assad, après que Human Rights Watch (HRW) a documenté nombre de cas de jeunes femmes qui ont subi un viol comme moyen de pression pour obtenir des aveux. HRW a insisté sur l’absence de prise en charge médicale ou psychologique des victimes d’agression sexuelle, que ce soit dans leur pays ou au Liban, en Jordanie ou Turquie, où beaucoup ont fui.Les femmes syriennes en général et les « filles d’Alep » en particulier ont joué un rôle important et spécifique depuis le début de la révolution : présence significative dans les sit-in et manifestations à l’université et mobilisation pour les activités révolutionnaires. Elles ont souvent été plus audacieuses que bien des jeunes hommes et ont joué un rôle actif dans les secours et les soins médicaux au point de compter parmi les plus importants cadres médicaux urgentistes dans les hôpitaux de campagne.Carmen HadiSource : « Enab baladi », n°56 (traduit de l’arabe par LT et RK)