Après des mois de silence, le dictateur Bachar al-Assad a fait un discours le 6 janvier, à la suite de la chute de l’aéroport militaire de Tafitnaz au nord-ouest du pays entre les mains de la résistance populaire armée. La chute de plusieurs bases militaires aurait laissé espérer – au moins chez les pro-régime – un discours ouvert à la négociation avec l’opposition et quelques concessions. Ils ont été déçus.En effet, le dictateur a annoncé que « la Syrie ne connaît pas de révolution », et qu’elle vit « une guerre de l’extérieur », une guerre « entre le peuple et les bandes de criminels et assassins ». Il a réclamé l’arrêt d’aides militaires et logistiques apportées, selon ses dires, par des États tiers à des « bandes ». Il a clos son propos en présentant ce qu’il a qualifié de « solution politique » taillée à sa mesure et rejetée immédiatement, à juste titre, par la majeure partie de l’opposition. Il a déclaré poursuivre la guerre la plus meurtrière contre son peuple. L’émissaire de l’ONU, Lakhdar Ibrahimi, a qualifié ce discours de « répétition d’anciennes initiatives qui n’ont pas fonctionné », en ajoutant qu’il « ne voit pas de rôle pour Bachar al-Assad dans la période de transition ». Les gouvernements occidentaux l’ont qualifié « d’irrationnel » ou « d’irréel ». Le gouvernement russe l’a considéré « comme une base à prendre en compte dans les négociations ». La rencontre entre les représentants des États-Unis et la Russie avec Ibrahimi à Genève le 11 janvier s’est terminée par des déclarations sur des « avancées importantes enregistrées » et les deux parties de souligner « qu’il n’y a qu’une solution politique pour la crise en Syrie », en d’autres termes la fameuse « transition organisée » au centre du consensus des grandes puissances.Une politique de destructionLa dictature mène depuis deux ans une guerre de la terre brûlée des zones révoltées. Détruisant ou endommageant environ un million de maisons, entraînant le déplacement d’environ quatre millions de personnes et 800 000 réfugiés dans les pays voisins, avec des coupures d’électricité (23 heures par jour depuis le début de cette année) qui touchent en particulier les quartiers et les zones populaires, et des carences énormes dans le système de santé, puisque 300 hôpitaux dans les zones révoltées ont été détruits, le manque en eau, en farine et pain…Le régime dispose encore d’une force militaire très imposante. Les avancées militaires de la résistance populaire armée, aussi significatives qu’elles soient, sont encore loin de la victoire définitive sur la dictature. Cette dernière détruit systématiquement l’infrastructure de ces zones révoltées et les liens sociaux, afin de briser le support populaire de la résistance et d’amener les masses à ne plus protester.3 800 usines ont arrêté de fonctionner. Dans la zone industrielle d’Alep, seules 200 usines sur 860 sont en activité, et encore avec difficulté. Dans la zone industrielle de Deir Ez-Zor, dans l’est du pays, aucune usine n’est en activité. Ceci explique pourquoi la classe ouvrière, numériquement forte, est invisible en tant que telle, mais les ouvriers sont massivement présents à titre individuel dans le processus révolutionnaire en cours.Le mouvement populaire continueLa barbarie du régime, n’a pas pu, et ne pourra pas, soumettre le peuple révolté. Plus que jamais, le peuple syrien veut en finir avec ce dernier et rejette toute négociation permettant au dictateur et à sa clique de rester pendant la période transitoire. Le développement de la résistance populaire armée n’a pas entraîné la faiblesse ou la disparition du mouvement populaire. Au contraire, et malgré d’immenses difficultés, le mouvement populaire reste un pilier central de la révolution. Le centre syrien indépendant des statistiques l’a confirmé : 211 manifestations le 21 décembre 2012, 216 manifestations le 28, 229 manifestations le 4 janvier 2013, et 210 manifestations le 11.La révolution syrienne vaincra et la dictature tombera, dans cette révolution populaire permanente.Ghayath Naisse