Depuis l’adoption, le 27 septembre, de la résolution n° 2118 du conseil de sécurité concernant la destruction des armes chimique du régime syrien, une phase nouvelle semble s’ouvrir pour ce pays et à l’échelle régionale.
Le rapprochement entre les USA et le gouvernement iranien mécontente l’Arabie saoudite, et tous les pays impérialistes soulignent clairement que la seule issue possible en Syrie est une solution politique négociée entre le gouvernement et « l’opposition », pour aboutir à un « organe exécutif de transition » composé des deux parties. Ceci passe pour eux par une conférence de « paix », « Genève 2 », prévue en novembre.
Les bruits de bottes qui ont précédé l’accord américano-russe ont disparu, et on ne parle plus que de la conférence. Toutes les lignes rouges affirmées par Obama et les dirigeants des pays impérialistes sont effacées, y compris les crimes commis par la dictature syrienne, dont le gazage de la population dans la banlieue de Damas le 21 août qui a coûté la vie à plusieurs centaines de civils.
Les chancelleries aussi bien que les grands médias dominants ne parlent quasiment plus du calvaire quotidien des Syriens : les massacres, les bombardements et zones assiégées où la population et surtout les enfants et les vieillards ne meurent pas seulement sous les armes du dictateurs mais aussi de famine. C’est en particulier le cas de Al-Goutha oriental et le camp des réfugiées palestiniens Al-Yarmouk. À Deir al-Zor, un des généraux du régime a annoncé qu’il allait raser la ville pour la transformer en champ de pommes de terre.
Le dictateur doit partir
Comble du cynisme, en même temps qu’il cédait sur ses armes chimiques, le chef du régime syrien a obtenu un blanc-seing des impérialistes pour continuer sa guerre contre le peuple. Il multiplie les interviews, se présentant comme vainqueur, déclarant ouvertement dans sa dernière apparition télévisée du 21 octobre qu’il va se représenter à l’élection présidentielle. Et concernant Genève 2 et la négociation avec l’opposition, « aucune date n’a été fixée, et les conditions ne sont pas encore réunies si nous voulons qu’elle réussisse »...
Le groupe des 11 pays occidentaux et arabes « amis de la Syrie » a tenu une conférence à Londres le 22 octobre pour émettre le souhait de ne plus voir Bachar al-Assad, mais surtout pour exercer une pression sur la coalition nationale syrienne qui connaît des dissensions au sujet de Genève 2. Car négocier à Genève avec le régime constitue depuis un mois une nouvelle ligne de clivage au sein de l’opposition syrienne. Une partie de la coalition dirigée par Michel Kilo, est pour négocier, le comité national de coordination aussi. Le CNS, une des plus importantes composantes de la coalition, a annoncé son refus d’y participer si le départ de Bachar et son régime ne sont pas confirmés comme préalable. L’armée syrienne libre, qui affronte non seulement les forces du régime mais aussi les groupes djihadistes, est aussi contre toute négociation sans garantie du départ de Bachar et son régime. Cette position n’est que le reflet du mouvement populaire qui a exprimé dans les manifestations, malgré l’horreur vécue, que « ce n’est pas à Genève mais à La Haye » que l’avenir se décide, exprimant ainsi sa volonté de traduire les dirigeants devant un tribunal. Même la population des zones assiégées a affirmé dans les manifestations que « mieux vaut mourir de faim que capituler ». Le mouvement populaire confirme donc qu’il veut renverser le régime, pour bâtir la liberté, l’égalité et la justice sociale. La révolution populaire en Syrie continue, elle a besoin de toute notre solidarité.
Ghayath Naisse