Publié le Mercredi 12 juin 2024 à 12h00.

Toujours parler de Gaza

Même s’il ne faut pas s’y habituer, les images et les scènes se ressemblent encore et toujours à Gaza où bombardements et images de morts et de destructions se succèdent.

 

Le 6 juin dernier, Israël a prétendu avoir utilisé des missiles de « précision » pour tuer 20 militants du Hamas qui se seraient réfugiés dans une école gérée par l’UNRWA. Le bilan est terrible et plusieurs dizaines de personnes, dont beaucoup d’enfants, ont été tuées. Le reste d’une de ces bombes, une GBU-39 a été récupéré sur le site et son numéro de série indiquait avec précision son lieu de fabrication : les États-Unis. 

Bilan catastrophique de la libération des otages

Les mêmes États-Unis qui pourtant insistent sur la fin de la guerre et ont même réparé le port artificiel qui avait été créé pour acheminer de l’aide humanitaire. C’est par ce même port que des forces spéciales israéliennes ont accédé au camp de Nuseirat, cachés dans un camion humanitaire. L’opération visait à libérer des otages — dont visiblement Israël connaissait la position. L’intervention pour libérer ces otages — quatre en tout — a fait grand bruit et a été présentée comme un succès sur le Hamas. Le bilan est pourtant catastrophique : près de 270 personnes — hommes, femmes et enfants — ont été tuées pendant cette opération. Les soldats israéliens ont surpris des GazaouiEs pensant pouvoir récupérer de l’aide humanitaire. Ces derniers ont été accueillis par des tirs et des bombardements de soutien. 

Avec les trois otages libérés à Rafah en avril, cela porte à sept le nombre d’otages libérés par l’armée israélienne sur 70 tués au cours de l’opération par cette même armée. 

Il y aurait une liste interminable de violations du droit international à établir dans cette séquence de « libération » : notamment le massacre de civilEs et l’utilisation de camions humanitaires. Vu le mode opératoire et l’utilisation du port, c’est une opération autorisée, si ce n’est organisée conjointement avec les États-Unis. 

Israël, pays paria

La même semaine on apprenait le sort des otages palestiniens détenus dans les camps israéliens de prisonniers. Des conditions de détention effroyables, des traitements inhumains, dégradants et humiliants. Et pire, de multiples cas de tortures ont été rapportés. L’armée la plus morale du monde ressemble à ce qu’elle a toujours été : une armée coloniale d’occupation et qui s’inspire des méthodes brutales de ses prédécesseurs. Il y a plusieurs milliers d’otages prisonniers dans les prisons, pour l’essentiel détenus sans droits, sans même la connaissance des charges qui pèsent sur eux. Un médecin rapporte ce qu’il a vu dans le camp de Sde Teiman, ce qui conduit l’ONG israélienne Physicians for Human Rights à dire que « c’est peut-être pire que Guantánamo »1 !

Tout cela devrait normalement suffire pour qu’Israël soit mis au tribunal des pays parias. L’ONU vient de prendre la décision de mettre Israël sur la liste des pays « tueurs d’enfants ». Malgré les protestations outrées de la part de son gouvernement, Israël avec l’assassinat de plus de 13 000 enfants dans la bande de Gaza depuis octobre 2023 est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les enfants et a bien sa place sur cette liste. 

Mobilisation contre Eurosatory

Nous l’avions déjà dit : l’opinion mondiale regarde avec horreur ce qui se passe en Palestine et est clairement en opposition avec ses dirigeants notamment occidentaux. Les larmes de crocodile ne doivent pas nous aveugler. Seules la pression et la mobilisation de soutien au peuple palestinien et aux sanctions contre Israël auront un effet. L’annonce de la mobilisation contre le salon d’armement Eurosatory combinée avec la pression internationale (notamment de la Cour internationale de Justice) ont permis d’effrayer les autorités françaises qui ont annoncé l’annulation de la participation des 74 entreprises israéliennes au salon. Cela dit, la mobilisation est maintenue car ce ne serait pas la première fois que ce genre d’annonce serait en fait un mensonge. 

Il reste que la pression et les sanctions contre Israël sont insuffisantes compte tenu des actes abominables dont cet État est coupable. Pour l’instant, la priorité est à l’arrêt des massacres. Même si une résolution de l’ONU pour un cessez-le-feu initié par les États-Unis a été adoptée en Conseil de sécurité, Israël n’est toujours pas décidé à arrêter les massacres. Même si la mobilisation en France risque de passer à l’arrière-plan à la suite de la dissolution, il ne faut jamais cesser de parler de Gaza !