Pour la deuxième fois (la première concernait les interférences de la Russie dans les élections), le Sénat US a acquitté Donald Trump lors d’un procès en destitution, cette fois sous l’accusation d’« incitation à l’insurrection » lorsque, le 6 janvier, des partisans de Trump ont fait irruption dans le Capitole pour empêcher la certification de la victoire de Joseph Biden.
Alors qu’une majorité des sénateurs ont voté, avec une marge de 57 contre 43, pour condamner Trump, celui-ci a néanmoins été acquitté, car une majorité des deux tiers (67 voix) est requise.
Le Parti républicain semble plus faible que jamais
Immédiatement après le vote, le leader des Républicains au Sénat, Mitch McConnell, qui a lui-même voté pour l’acquittement, a déclaré : « Il ne fait aucun doute – aucun – que le président Trump est pratiquement et moralement responsable d’avoir provoqué les événements de la journée. » La majorité des sénateurs républicains, craignant le pouvoir de Trump, ont voté pour l’acquittement, affirmant que le Sénat n’avait pas le pouvoir de le juger parce qu’il n’était plus président en exercice. McConnell et d’autres Républicains suggèrent que Trump pourrait toujours faire l’objet de poursuites pénales en tant que citoyen privé.
Après le vote, Trump, qui n’a présenté aucune excuse pour avoir incité à l’insurrection, a déclaré : « Le mouvement Make America Great Again ne fait que commencer. J’ai hâte de poursuivre notre incroyable aventure dans les mois à venir. » Pour l’instant, Trump reste donc la figure dominante du Parti républicain, qui contrôle la moitié du Sénat, un peu moins de la moitié de la Chambre des représentants et représente 74 millions d’électeurs dans tout le pays. Plus de la moitié de l’ensemble des Républicains pensent que Trump a en fait remporté l’élection et 18 % soutiennent ceux qui ont fait irruption au Congrès. Trump, bien que Twitter et Facebook aient fermé ses comptes, est toujours la référence de l’extrême droite.
Cependant, en ce moment, le Parti républicain semble plus faible que jamais. Depuis le 6 janvier, des dizaines de milliers de personnes ont quitté le parti (et se sont ajoutées à celles qui l’avaient fait avant les élections). De plus, alors que la destitution était en cours, 120 dirigeants républicains se sont réunis pour discuter de quitter leur parti et de former un nouveau parti conservateur de centre-droit.
Plan de soutien à 1 900 milliards de dollars
Si le désarroi républicain profite aux Démocrates, le Parti démocrate et Biden sont toujours confrontés au Covid, à la dépression économique, au changement climatique et au racisme. Le procès étant terminé, Biden et les Démocrates peuvent désormais se concentrer sur l’adoption de leur programme de soutien de 1 900 milliards de dollars pour faire face à la pandémie et à la crise économique. Il y a désormais un demi-million de morts par Covid, vingt millions de chômeurEs et des millions de personnes affamées et menacées d’expulsion.
Déjà sûr du soutien des syndicats, et, selon les sondages, de la majorité des Noirs, des Latinos et des femmes, Biden a tenté de renforcer le soutien de son plan en forgeant une alliance avec les grandes entreprises, en rencontrant des groupes tels que la Chambre de commerce américaine, l’Association nationale des fabricants et la Business Roundtable, ainsi que des sociétés comme American Airlines et General Motors. Les deux tiers des petites entreprises déclarent soutenir les projets de Biden, bien que de nombreuses entreprises, grandes et petites, s’opposent à la fixation du salaire minimum à 15 dollars l’heure (cet objectif a été repoussé pour on ne sait combien de temps). Biden a appelé à une augmentation de la fiscalité sur les hauts revenus pour financer son plan. Les Socialistes démocratiques (DSA) et la gauche appellent le Congrès à taxer les riches et à créer un système de santé universel à payeur unique.
DSA a exprimé peu d’intérêt ou de préoccupation concernant la destitution de Trump et la nécessité de défendre les institutions démocratiques, aussi limitées qu’elles soient. La direction de la DSA a déclaré : « Nous ne pensons pas que la simple mise en accusation de Trump corrigera ces injustices [racisme, sexisme, droits des immigrantEs, manque de soins de santé]… Nous ne pensons pas que le processus de destitution fera quoi que ce soit pour amener les travailleurs et la classe ouvrière sur la scène politique. Seuls les mouvements de masse peuvent le faire, et nous pensons que le changement est à venir ». Comment pourrait se concrétiser cette perspective ?
Face à l’extrême droite, la gauche ne peut ignorer les combats pour défendre la démocratie, même si elle lutte principalement pour les aides sociales, les réformes de la société et le socialisme.
Traduction Henri Wilno