Publié le Lundi 2 décembre 2024 à 15h00.

Trump face au Mexique sur les tarifs douaniers, les migrations et les drogues

Durant sa campagne, Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 25 % sur les produits mexicains entrant aux États-Unis et de fermer la frontière entre le Mexique et les États-Unis, deux mesures qui pourraient avoir des conséquences dévastatrices pour le Mexique et peut-être aussi pour les États-Unis.

« Ce tarif douanier, écrivait-il il y a quelques semaines, restera en vigueur jusqu’à ce que les drogues, en particulier le Fentanyl, et tous les étrangers illégaux mettent fin à cette invasion de notre pays ! »

Le président élu Trump et la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum ont donc eu une conversation le 27 novembre, une conversation dont Trump s’est souvenue avec plaisir, écrivant sur son site de médias sociaux Truth : « Je viens d’avoir une merveilleuse conversation avec la nouvelle présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum Pardo. Elle a accepté d’arrêter les migrations à travers le Mexique et vers les États-Unis, fermant ainsi notre frontière méridionale. Nous avons également discuté de ce qui peut être fait pour stopper l’afflux massif de drogue aux États-Unis, ainsi que la consommation de cette drogue par les Américains. Ce fut une conversation très productive ! »

Les enjeux économiques remis au centre

Ce n’est pas le souvenir qu’elle en a gardé. Claudia Sheinbaum a répondu sur X (anciennement Twitter) : « Je lui ai expliqué la stratégie globale que le Mexique a suivie pour faire face au phénomène migratoire, dans le respect des droits de l’homme. Grâce à cela, les migrants et leurs caravanes sont aidés avant qu’ils n’atteignent la frontière. Nous réitérons que la position du Mexique n’est pas de fermer les frontières ».

Sheinbaum a également publié un communiqué dans lequel elle déclare : « Parmi les principaux exportateurs mexicains vers les États-Unis figurent General Motors, Stellantis et Ford Motor Company, qui sont arrivés au Mexique il y a 80 ans. Pourquoi imposer un droit de douane qui les mettrait en péril ? Une telle mesure serait inacceptable et conduirait à l’inflation et à des pertes d’emplois tant aux États-Unis qu’au Mexique ». Elle a ajouté que le Mexique pourrait imposer un tarif douanier aux produits américains.

Certains pensent que des secteurs économiques américains comme l’agriculture, la construction, l’hôtellerie et l’industrie manufacturière, qui participent au commerce international et dépendent de la main-d’œuvre immigrée sans-papiers, feront pression sur Trump et ses projets de droits de douane et à de déportations massives. Pour l’instant, Trump affirme qu’il ne renonce pas à ses intentions.

Le « tsar des frontières »

Trump promet que, dès le premier jour de sa présidence, il commencera également à expulser massivement 11 millions d’immigréEs sans papiers, dont beaucoup sont des résidentEs de longue durée, installéEs dans le pays depuis dix ans ou plus, qui ont un emploi et des enfants qui, nés aux États-Unis, sont des citoyenNEs américainNEs. Trump affirme qu’il déclarera une urgence nationale et mobilisera l’armée pour mener à bien l’expulsion, quel qu’en soit le coût financier. À la question de savoir s’il divisera les familles, Thomas Homan, qui sera le « tsar des frontières » (le chef de l’agence fédérale en charge de l’immigration et des douanes, l’ICE) de Trump, répond que les familles n’ont pas besoin d’être divisées : les parents peuvent emmener leurs enfants américains avec eux lorsqu’ils partent.

Le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, connu pour avoir envoyé plus de 10 200 migrantEs, pour un coût de 148 millions de dollars, dans des États gouvernés par des démocrates, a proposé à Trump d’installer un camp de concentration d’une superficie de 567 hectares pour les migrants détenuEs en vue de leur expulsion. Le « tsar des frontières », M. Homan, a déclaré que d’autres migrantEs seraient arrêtéEs par des agents des services de l’immigration et des douanes (ICE) ou par des shérifs de comté et détenus dans des prisons locales avant d’être renvoyéEs dans leur pays d’origine par avion.

Mobilisation générale des associations de défense des immigréEs

Des dizaines de milliers d’immigréEs rassemblent leurs papiers, rencontrent des avocats, certains se marient avec des citoyens américains, et les associations de défense des droits des immigrés sont débordées par les demandes de conseils. Les organisations de défense des droits des immigréEs et les syndicats élaborent des plans pour défendre leurs membres. Les États et les villes « sanctuaires » comme la Californie qui refusent de coopérer avec l’ICE prévoient de résister à Trump et de défendre leurs résidents.

La plupart des immigréEs sans papiers sont des Latinos et la plupart d’entre eux sont mexicainNEs. Claudia Sheinbaum, qui a elle-même des comportements autoritaires et qui a accru le rôle de l’armée et fermé des groupes gouvernementaux de surveillance des droits de l’homme, sera donc confrontée à un afflux de ses compatriotes renvoyés chez eux. Nous pouvons nous attendre à des abus de part et d’autre de la frontière.

Dan La Botz, traduction d’Henri Wilno