Ainsi donc s’est installé le 47e président des États-Unis d’Amérique : entouré de milliardaires, milliardaire lui-même, son investiture a réuni les hommes les plus riches du monde, parmi lesquels 4 des 5 membres du club (très fermé) des centi-milliardaires, les Étatsuniens Jeff Bezos, Elon Musk et Mark Zuckerberg ainsi que le Français Bernard Arnaud.
On présente souvent les gouvernements des puissances occidentales, les USA en majesté, comme des gouvernements au service du capital : ici, c’est directement le pouvoir du capital qui s’installe à la Maison Blanche. Et le pouvoir, ça sert à faire des affaires : Trump lui-même, et sa femme, Melania, viennent de lancer des cryptomonnaies leur promettant des profits insensés !
L’usage du pouvoir par cette classe dominante suprémaciste blanche vise d’abord à établir les conditions optimales à une nouvelle phase d’expansion du capitalisme étatsunien, en faisant sauter ce qu’ils considèrent comme des freins au renforcement des taux de profit. Il s’agit de s’en prendre à « l’État profond » qui entrave la puissance de la libre entreprise, par la purge des administrations, par la création du ministère de Musk, de l’efficacité gouvernementale. Il s’agit également de lever les obstacles à l’exploitation de la planète : sortie de l’accord de Paris, encouragement maximal au développement des énergies fossiles via la fracturation dont un des promoteurs, Chris Wright, PDG de l’entreprise Liberty Energy, entre au gouvernement. Il s’agit enfin d’ouvrir une nouvelle page de l’impérialisme US, avec des menaces immédiates sur le Groenland, le Canada et le canal de Panama, au risque de provoquer de nouvelles guerres.
Pour sidérer ses opposants, dès le premier jour Trump a frappé fort via une centaine d’« executive orders » : amnistie des assaillants du Capitole, attaques contre les trans — le genre sera au centre de sa croisade —, contre les immigréEs qui vont payer le prix fort avec la loi martiale instaurée à la frontière du Mexique, la remise en cause du droit du sol, l’expulsion programmée de millions de personnes. Autant de marqueurs d’un vrai basculement : pour la première fois, à la tête de la première puissance économique du monde, le pouvoir remet en cause le dogme — la fable ? — selon lequel le capitalisme, pour se développer, aurait besoin, naturellement, de la démocratie.